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CES TUTEURS qui soutiennent de JEUNES POUSSES

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Si les entrepreneurs ont besoin de financement pour se développer, ils ont aussi besoin d'être conseillés. Un rôle qu'assument certains chefs d'entreprise «accomplis», qui se proposent de guider, bénévolement, de jeunes porteurs de projet. Retours d'expérience.

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@ ARTVILLE / JONATHAN EVANS / LD

C'est son rendez-vous mensuel préféré. Pierre Worms, dirigeant de Coteb Entreprises, une PME de 80 collaborateurs spécialisée dans l'installation de réseaux électriques, rejoint Hervé Thiery, un jeune chef d'entreprise qu'il accompagne depuis deux ans et à qui il prodigue de précieux conseils. «Mon rôle est multiple: je l'écoute, je l'épaule et j'attire son attention sur les problèmes qu'il pourrait rencontrer», explique Pierre Worms. Tout cela, de façon bénévole, condition sine qua non pour devenir le tuteur d'un entrepreneur en herbe. «C'est ce qui nous différencie des coachs et des consultants», souligne le dirigeant.

Un réseau implanté dans la France entière. Cette relation de confiance, qui permet à un entrepreneur de profiter de l'expérience de l'un de ses pairs, est appelée l'«accompagnement» par le Réseau Entreprendre. L'association, fondée il y a vingt ans réunit aujourd'hui près de 6 000 dirigeants dans toute la France, dont 3 000 tuteurs bénévoles. Son credo? Soutenir la création d'entreprises en constituant des binômes d'«accompagnants» et d'«accompagnés». Ainsi, chaque année, le Réseau Entreprendre sélectionne, sur dossier, 500 entreprises en phase de lancement. Le dirigeant bénéficie alors d'un prêt d'honneur (c'est-à-dire à taux zéro) et est accompagné par un patron expérimenté. Pour Pierre Worms, la relation développée avec son accompagné est passée à un autre stade, proche, cette fois, de l'amitié.

«Nous garderons le contact, même quand mon rôle d'accompagnant sera achevé», assure le dirigeant. Si l'entrepreneur avoue être très disponible pour son filleul, il précise toutefois que seul Hervé Thiery prend les décisions: «Même si je le conseille, il reste le seul maître à bord!»

MARC MENU, dirigeant et tuteur dans le cadre du réseau entreprendre

Quand on crée une entreprise, on a le nez dans le guidon. L'accompagnement aide à prendre de la hauteur.

Aider ses pairs. Cette forme de coaching bénévole a aussi séduit Marc Menu. Ce dirigeant de 56 ans, à la tête de l'Institut de biotechnologies Jacques Boy, une PME de 25 salariés située près de Reims, accompagne depuis deux ans Guillaume et Emilie Quesne. Le couple a créé Pains d'Epices de Reims, une entreprise produisant du pain d'épices et des madeleines. Pour Marc Menu, accompagner de jeunes entrepreneurs, «c'est un bol d'air frais à chaque rencontre». Le dirigeant peut s'extraire de son quotidien pour se plonger dans un univers très éloigné du sien. L'occasion, également, de se remémorer ses débuts difficiles: «Quand on crée une entreprise, on a le nez dans le guidon et on commet des erreurs d'inattention», avoue-t-il. Ce sont toutes ces raisons qui poussent Marc Menu à aider ses pairs. Sans compter le sentiment de satisfaction éprouvé lorsque ses conseils portent leurs fruits et que la société aidée décolle. Reste que le tutorat, et la relation de proximité qu'il crée, peut aboutir à des conflits d'intérêt. C'est pour cette raison que la relation est très encadrée par le Réseau Entreprendre. A ce sujet, Marc Menu tient à préciser un point essentiel à ses yeux: les accompagnants s'engagent à n'avoir aucune relation d'affaires avec les accompagnés. «C'est une question d'éthique», affirme-t-il.

PIERRE WORMS, dirigeant de Coteb Entreprises

Mon rôle auprès de mon tilleul est multiple: je l'écoute, je l'épaule et j'attire son attention sur les problèmes qu'il pourrait rencontrer.

Etre un «mentor». Dans la même veine, le mentorat rencontre un succès croissant auprès des entreprises tricolores. Né au Québec, le concept a été importé dans l'Hexagone, en 2008, par Dominique Restino, vice-président de la chambre de commerce et d'industrie de Paris (CCIP), à la suite d'une rencontre avec Mario Girard, p-dg de la Fondation de l'entrepreneurship, au Canada. Conquis, Dominique Restino décide, en 2007, de fonder, dans les locaux de la CCIP, l'Institut du mentorat entrepreneurial (IME). Le principe? Créer, encore une fois, des binômes composés d'un «mentor» - un chef d'entreprise expérimenté - et d'un «mentoré», qui bénéficiera des conseils de son parrain. Un système d'entraide somme toute assez proche de celui du Réseau Entreprendre, à une différence près: ici, le mentorat consiste à aider une PME qui a déjà fait ses preuves. L'idée étant d'aider de jeunes pousses à fort potentiel de croissance, qui ont au moins trois ans d'existence.

@ FOTOLIA/KABLICZECH

Deux promotions réunissant dix mentors et dix mentorés ont été mises en place en 2008. Dernière en date: la promotion David Douillet, parrainée par l'ex-champion du monde de judo. C'est ainsi que Patrice Magnard, p-dg de Maxicours et créateur d'Alapage, est devenu le mentor de Gil Couyère, p-dg de Selexens, une PME marseillaise de 30 collaborateurs spécialisée dans la recherche et l'évaluation de candidats à distance. «Je suis un business angel depuis 2000 et cette activité me laisse parfois un léger sentiment de frustration, confie Patrice Magnard. Les entreprises souhaitent être financées, mais n'acceptent pas toujours les conseils d'une personne d'expérience.» A contrario, dans son rôle de mentor, le dirigeant épaule, voire rassure, son homologue et lui permet de prendre de la hauteur dans ses prises de décision. «Nous nous rencontrons une fois par mois... C'est du pur bonheur», confie le dirigeant de Maxicours. Une aide que semble apprécier Gil Couyère. Le jeune chef d'entreprise doit faire face à une croissance tous azimuts depuis un an et ne sait pas toujours dans quelle direction aller. C'est à ce stade que l'aide de son mentor prend tout son sens: «Je parle à un pair qui a connu des échecs, ce qui me permet d'éviter certains écueils, souligne le p-dg de Selexens. Je n'ai plus le sentiment d'être seul à la barre du navire et, après nos déjeuners, je me dis que tout est possible!»

@ Robert Valin, directeur associé d'Unilangues

Témoignage
Mon engagement, c'est du militantisme entrepreneurial
Robert Valin, directeur associé d'Unilangues

Ancien membre du Centre des jeunes dirigeants (CJD), Robert Valin fait partie du Réseau Entreprendre depuis 2004. Dès le départ, il a souhaité venir en aide à d'autres chefs d'entreprise, «de façon bénévole», précise-t-il. Le but? Les soutenir pour qu'ils développent leur projet dans des conditions optimales. «J'aime partager mon expérience avec d'autres dirigeants. C'est, pour moi, une action citoyenne», explique Robert Valin. Ainsi, tous les mois, il rencontre Gilles Madec, son accompagné , qui, à 50 ans, vient de créer Bois et Diversités, une société industrielle et commerciale spécialisée dans les combustibles pour la biomasse. Tous deux font le point sur l'évolution de la société et échangent sur des sujets variés, allant de la stratégie générale aux ressources humaines, en passant par le marketing. A 58 ans, Robert Valin apprécie cette relation basée sur la confiance mutuelle et la transparence: «Grâce à ces rencontres avec de nouveaux entrepreneurs, je garde un esprit ouvert sur le monde. Et puis, j'en profite pour continuer à alimenter mon réseau.»


UNILANGUES >> Repères
- Activité: Formation aux langues étrangères
- Ville: Paris (La Défense)
- Forme juridique: SAS
- Dirigeants: Sana Ronda, 43 ans, et Robert Valin, 58 ans
- Année de création: 2005
- Effectif: 150 salariés (80 salariés équivalent temps plein)
- Chiffre d'affaires 2008: 6 MEuros

EN CHIFFRES

- ACCOMPAGNEMENT ET MENTORAT
Depuis sa création par le réseau entreprendre, en 1986, l'accompagnement a contribué à la création ou à la reprise de 3 000 entreprises, ce qui représente 30 000 créations d'emplois. Le réseau ambitionne de doubler son activité d'ici à 2012 en suivant, cette année-là, 1 000 nouveaux entrepreneurs. De son côté, le mentorat entrepreneurial n'est, pour l'heure, proposé que par la chambre de commerce et d'industrie de Paris. Mais l'objectif de l'institut du mentorat entrepreneurial est de séduire, dès cette année, d'autres CCI de France et de Navarre.

FOCUS
Comment devenir accompagnant ou mentor?

Si vous souhaitez devenir le tuteur d'un autre dirigeant deux voies s'offrent à vous. Tout d'abord, vous pouvez entrer en contact avec la cellule du Réseau Entreprendre de votre région. Les conditions sont les suivantes: être un chef d'entreprise (ou un cadre dirigeant) en activité, attentif aux aspects humains (pour comprendre son interlocuteur et la société qu'il dirige), disponible (pour rencontrer, au moins une fois par mois, son protégé) et généraliste (avoir du bon sens et posséder un esprit de synthèse). Sachez aussi que si vous êtes choisi par le Réseau Entreprendre, vous vous engagez à suivre votre filleul pendant deux ans au minimum.
Si vous résidez en région parisienne, vous pouvez également entrer en contact avec la chambre de commerce et d'industrie de Paris (CCIP) pour devenir «mentor». Pour effectuer cette mission, vous devez être dirigeant-propriétaire (ou actionnaire significatif d'une entreprise), reconnu pour avoir à votre actif une réussite entrepreneuriale majeure, disponible et prêt à partager votre expérience. La mission de mentor dure au moins un an. Dans les deux cas, cet engagement est, bien sûr, totalement bénévole.

 
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Julien van der Feer

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