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CES PME QUI JOUENT LA CARTE DU SOCIAL

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Différenciation, attractivité lors du recrutement, pérennité des effectifs, notoriété, productivité... Les bienfaits d'une démarche socialement responsable ne sont plus à démontrer. Loin de pratiquer la philanthropie, les PME obtiennent des résultats concrets.

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@ FOTOLIA/LD

Un univers de travail agréable, avec vue sur les champs ou sur la grande bleue, un fonds d'aide aux salariés en difficulté, l'implication de l'entreprise auprès d'associations locales d'intérêt public ou un recrutement axé sur la diversité... Autant d'éléments qui participent au bien-être du salarié au sein de son entreprise et qui satisfont sa quête de sens. « Les démarches de responsabilité sociale de l'entreprise, dites RSE*Par RSE, entendez toutes les pratiques liées au développement durable : environnementales, économiques et sociales. , se sont généralisées dans les grandes entreprises. Les PME suivent également ce mouvement, même s'il n'y a aucune contrainte légale pour les sociétés non cotées », explique Elisabeth Fuchs, directrice du réseau IMS-Entreprendre pour la Cité, pour la région Provence-Alpes-Côte d'Azur. Organisation qui aide les entreprises adhérentes à mettre en place une démarche sociale, notamment à travers le mécénat.

Rehausser son attractivité. Et toutes les raisons sont bonnes pour développer ces pratiques sociales : « Cela me permet de me différencier de mes concurrents, d'optimiser la dynamique du groupe et de créer de la valeur, car un salarié qui se sent bien travaille bien », explique François Frezouls, président de Duo Display, fabricant de stands pour les salons. Cette PME de 42 salariés, nichée dans les vignes autour de Montpellier, ne ménage pas sa peine. Elle propose notamment un fonds de solidarité. Une cagnotte de 5 000 euros pour venir en aide aux salariés temporairement en difficulté, assorti de conseils pratiques - au besoin juridiques grâce au juriste de l'entreprise. Une salariée qui s'était fait escroquer en vendant son scooter sur Internet a ainsi pu bénéficier d'une avance, tout comme sa collègue, endettée auprès d'un organisme de crédit alors qu'elle traversait une crise familiale. Une entreprise réputée pour ses bonnes pratiques sociales devient également plus attractive. Philippe de Gibon, patron de la PME niçoise Convers Télémarketing, l'a bien compris. « Beaucoup de candidats ne vont pas spontanément se présenter dans un centre d'appels, car la profession souffre de préjugés. De bonnes conditions de travail, énoncées dès l'entretien d'embauche, contribuent à les rassurer », explique le dirigeant. Il a, par ailleurs, été récompensé par le label RSE des Centres de relation clients, créé par les organisations professionnelles du secteur.

Philippe de Gibon mise également sur la diversité : l'effectif de la PME compte quelque 30 % de seniors, 24 % de salariés issus de quartiers défavorisés et 10 % de travailleurs handicapés.

La diversité rapporte. Tous sont embauchés en CDI et ont la possibilité de choisir leurs horaires de travail (entre 8 et 20 heures) en utilisant l'intranet. « Cela peut paraître contraignant pour l'employeur, mais au final, seul 3 % du planning subit des modifications. Pour le salarié, cette possibilité rassure et apporte un confort moral » , explique Philippe de Gibon. Ce dernier accorde aussi des primes pouvant atteindre 2 400 euros annuels pour les salariés travaillant en horaires décalés. Convers Télémarketing connaît ainsi l'un des turnovers les plus bas de sa profession, avec 49 mois de présence en moyenne dans l'entreprise (contre 22 mois pour le secteur), une croissance régulière de son chiffre d'affaires (+ 40 % pour l'année 2010) et prévoit d'embaucher encore 40 personnes cette année.

En 2010, une étude réalisée par le cabinet Goodwill Management pour IMS-Entreprendre pour la Cité révélait que la diversité améliore la rentabilité des entreprises de 5 à 15 %, dès lors qu'elle est bien managée. «Les équipes les plus productives sont celles qui ont le taux d'emploi de travailleurs handicapés le plus élevé, un encadrement de proximité fortement féminisé, une forte féminisation globale et un fort emploi de salariés seniors», précise l'étude, réalisée auprès de quatre grands groupes (Axa, L'Oréal, Orange et Vinci) .

Implication des salariés. La lutte contre les discriminations pousse certains à s'engager dans la vie associative, à l'image du cabinet-conseil en recrutement parisien Lincoln Associates (50 collaborateurs), dirigé par Mathieu Beaurain. Ce dernier a également participé, avec sept confrères, à la fondation de l'association «A compétences égales» qui lutte contre les discriminations à l'embauche. Bien entendu, cette PME s'applique les valeurs qu'elle défend et emploie des salariés d'horizons, de formations et d'âges divers (entre 26 à 64 ans). « Une démarche qu'apprécient certains clients et prospects, à l'heure où le développement durable est d'actualité, note Mathieu Beaurain. Quant aux équipes, elles trouvent du sens dans cette lutte contre les préjugés. » D'ailleurs, les salariés s'impliquent bénévolement plus de 20 jours par an pour animer des ateliers sur l'emploi dans un lycée professionnel de Tremblay-en-France (Seine-Saint-Denis). Enfin, certaines structures poussent l'engagement jusqu'à briguer des statuts très spécifiques, à l'image de l'entreprise d'insertion. C'est une entreprise subventionnée mais soumise aux lois du marché, dont l'objectif est avant tout social, en concourant au retour à l'emploi de publics en difficulté. Ce statut permet notamment de répondre aux clauses sociales des marchés publics. Autre statut : celui d'entreprise adaptée (EA), entreprise classique à ceci près que son effectif de production est composé d'au moins 80 % de travailleurs handicapés. Si ce statut lui permet de bénéficier de subventions de l'Etat, il lui ouvre surtout les portes de nombreux marchés, à l'heure où la loi impose aux entreprises de plus de 20 salariés de recourir aux travailleurs handicapés, à hauteur de 6 % de leur effectif. En ayant recours à une EA, les entreprises peuvent faire baisser leur contribution Agefiph (Association nationale pour la gestion du fonds pour l'insertion professionnelle des personnes handicapées).

Les clients apprécient. « Nous avons toujours eu une forte proportion de salariés handicapés, annonce Sylvain Couthier, président d'ATF Gaia, qui reconditionne du matériel informatique. En 2008, nous avons décidé de devenir une EA, puisque cela est devenu possible pour les sociétés commerciales. Nous plaçons l'humain au coeur de notre développement. » Reconnaissant que, dans une entreprise aux valeurs humaines fortes, les salariés se sentent mieux, ATF Gaia aide ses collaborateurs à se loger, grâce à un accord avec un bailleur social, ou à effectuer des démarches pour obtenir des prêts bancaires. Les répercussions ? Outre la cohérence entre l'activité de l'entreprise et son fonctionnement, la PME travaille désormais avec de grandes sociétés, intéressées par la démarche durable, ce qui lui permet d'embaucher régulièrement. ATF Gaia a augmenté son chiffre d'affaires de 15 % en 2010 et table sur une croissance à deux chiffres pour 2011. Mais les bonnes pratiques sociales ont aussi leur lot de contraintes pour les employeurs. « Le management est beaucoup plus exigeant. On consacre beaucoup de temps à l'écoute et il est important de déceler le moindre signe de découragement », résume Sylvain Couthier, qui souligne aussi le surcoût de l'aménagement des locaux et des postes de travail, dans le cadre d'une entreprise adaptée. Philippe de Gibon (Convers Télémarketing) pointe pour sa part l'absentéisme des salariés, dans un contexte de diversité. « J'ai d'ailleurs mis au point une prime de présence pour les plus assidus, qui peut leur rapporter jusqu'à 600 euros par an. » Des aléas qui ne découragent pas les chefs d'entreprise, pour qui l'engagement social est incontournable et générateur de productivité. « Les salariés sont en quête de reconnaissance et de valeurs partagées. Quant aux entreprises clientes, elles intègrent de plus en plus les bonnes pratiques sociales et environnementales dans leurs critères de choix d'un fournisseur. Le développement durable et son volet social apportent donc des réponses concrètes à tous », conclut Elisabeth Fuchs (IMS-Entreprendre pour la cité).

TEMOIGNAGE
Les salariés veulent donner du sens à leur travail
STEPHANE TOULLIEUX, directeur général de la Financière de l'Echiquier

Financer le matériel d'un pressing qui embauche des femmes en difficulté, conseiller des demandeurs d'emploi...
Ce sont quelques-uns des projets menés par la fondation de la Financière de l'Echiquier, PME spécialisée dans la gestion d'actifs.
« Notre fondation est née pour structurer notre démarche dans le mécénat », précise Stéphane toullieux, directeur général de l'entreprise qui s'illustre par de nombreuses initiatives socialement responsables : actionnariat systématique des collaborateurs après un an d'ancienneté, participation tournante des salariés au Comité de direction, etc.
« Ces pratiques contribuent à donner du sens au travail », relève le dg. l'entreprise se différencie également du marché, puisque les fondations sont rares dans les PME, et clients et partenaires apprécient. la société se classe parmi les cinq premiers indépendants de son secteur au niveau national. Quant aux salariés, heureux, ils ont permis à leur société d'être classée huitième au palmarès des entreprises où il fait bon travailler (Great Place to Work) en 2010.


FINANCIERE DE L'ECHIQUIER >> Repères
- ACTIVITE: Gestion de capitaux
- VILLE: Paris (XVIe arr.)
- FORME JURIDIQUE: SA
- DIRIGEANT: Didier le Menestrel, 51 ans, Christian Gueugnier, 57 ans et Stéphane Toullieux, 41 ans
- ANNEE DE CREATION: 1991
- EFFECTIF: 81 salariés
- CA 2010 : 98 MEuros
- RESULTAT NET: 29 MEuros

ZOOM
Dix pistes pour s'engager socialement

1. Miser sur la diversité, par exemple en signant et en respectant la Charte de la diversité (www.charte-diversite.com) ;
2. Sous-traiter auprès d'une entreprise adaptée ;
3. Sous-traiter auprès d'une entreprise d'insertion ;
4. Mettre en place un accord d'intéressement ;
5. Venir en aide aux associations locales (financièrement, en accueillant des stagiaires, etc.);
6. Investir dans des locaux agréables (environnement extérieur et intérieur) ;
7. Soutenir les collaborateurs en difficulté via un fonds par exemple ;
8. Intensifier la formation et le suivi des stagiaires comme des salariés ;
9. Impliquer les salariés dans les grandes décisions de l'entreprise ;
10. Développer la convivialité (Comité des fêtes, arbre de Noël, pots, etc.)

TEMOIGNAGE
Un trophée qui fait de l'effet
FABIENNE GASTAUD, directrice générale de Wit

Un intéressement au résultat de l'entreprise qui peut rapporter entre 500 et 2 000 euros de bonus annuel aux salariés, un dispositif «Vis ma vie» permettant aux collaborateurs d'appréhender le métier de leurs collègues, 2,5 % de la masse salariale consacré à la formation, des postes de travail ergonomiques... Grâce à toutes ses initiatives, Wit, PME spécialisée dans la gestion technique des bâtiments, a reçu en 2009, le trophée RSe de la région Provence-alpes-Côte d ' azur, remis par un collectif d'associations, d'organismes publics et de professionnels. la notoriété toute fraîche de la PME attire plusieurs nouveaux clients séduits par la démarche responsable de la PME, dont l'Etat monégasque. « Nous sommes devenus des référents locaux sur le sujet, régulièrement sollicités pour des conférences, notre press-book s'est étoffé et le référencement du site web s'est amélioré. Enfin, notre réseau s'est agrandi, avec des contacts importants pour le business », indique Fabienne Gastaud, directrice générale. en interne, les salariés ont ressenti une grande fierté, ce qui dope leur productivité et leur implication. Résultat ? le turnover est quasi inexistant.


WIT >>Repères
- ACTIVITE: Gestion technique et efficacité énergétique des bâtiments
- VILLE: Saint-Laurent-du-Var (Alpes-Maritimes)
- FORME JURIDIQUE: SA
- ANNEE DE CREATION: 1984
- DIRIGEANT: Georges Duffau, 53 ans, et Fabienne Gastaud, 44 ans
- EFFECTIF: 50 salariés
- CA 2010: 5,7 MEuros
- RESULTAT D'EXPLOITATION: 300 KEuros

ELISABETH FUCHS, directrice du réseau IMS-Entreprendre pour la Cité, pour la région Provence-Alpes-Côte d'Azur

Le développement durable et son volet social apportent des réponses concrètes aux salariés comme aux entreprises.

 
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Olga Stancevic

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