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Le Cent Huit : un restaurant, café et librairie à Paris
Un restaurant... mais aussi une librairie ! C'est le concept innovant qu'a installé Rosa Aoudia dans le XIXe arrondissement de Paris. Pour réunir en un même lieu les nourritures terrestres et le plaisir littéraire.
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Une implantation risquée
Ouvrir un lieu de culture dans la petite impasse de Joinville du XIXe arrondissement de Paris n'était pas une évidence. "Ce local à l'abandon, et dans ce coin-là, personne n'en voulait", s'amuse aujourd'hui Rosa Aoudia, la gérante du Cent Huit. Il faut dire que cette partie du quartier compte parmi les zones les plus pauvres de la capitale, coincée entre un entrelacs de voies ferrées et de canaux, et les grands ensembles construits dans les années 70 sur l'avenue de Flandre.
"Avec un prix au mètre carré parmi les moins élevés de Paris et 70 % de logements sociaux... D'ailleurs les banques n'ont pas suivi : il a fallu qu'on monte le projet sur nos fonds propres", déplore-t-elle. Et pourtant, voilà six ans que le Cent Huit tient. Un début chaotique entre manifestations et travaux... mais l'avenir s'éclaircit : car les travaux, justement, ont modernisé l'avenue, implanté des pistes cyclables, et permis l'arrivée de trois nouvelles lignes de bus "qui nous ont vraiment changé la vie", avoue-t-elle.
Faire d'un handicap un atout
Dans un esprit parisien, le fond d'une impasse n'est pas forcément qu'un recoin sombre : il peut être aussi un lieu préservé, loin des voitures ! Et il n'est pas saugrenu, mais original. "Nous avons même généré non pas une, mais deux clientèles : celle du midi en semaine, qui vient d'abord manger", explique Rosa, plus celle du week-end qui a davantage de temps et vient pour le concept resto-librairie.
"Eux, ils repartent souvent avec un ouvrage", s'amuse-t-elle. Le mélange des genres devient une marque de fabrique dans cet arrondissement où une autre librairie appartient à un cinéma, et où d'anciens entrepôts ont été transformés en logements. "Après, dans une ville comme Paris, notre boulot est de nous distinguer : avec un parti pris engagé côté livres, en faveur des biographies et des auteures femmes par exemple", argumente la commerçante.
Une recette commerciale éprouvée
"J'applique le principe des supermarchés qui proposent des chewing-gums devant les caisses : le client ne vient pas pour ça, mais il profite de l'opportunité", dévoile Rosa Aoudia. Sauf qu'ici, les confiseries sont des livres... La dirigeante a su se montrer prudente : après avoir vendu son premier établissement, elle reprend un lieu de seulement 60 m2, "avant de me rendre compte que nous pouvions oser plus grand ! "
Finalement, la place n'est pas perdue : profitant des tablées installées parmi les rayonnages, la librairie propose des événements : "quand on invite des auteurs, on peut se permettre le luxe de les asseoir autour d'un repas avec les lecteurs", dévoile-t-elle. Une stratégie qui rompt tout de suite la glace et offre un moment beaucoup plus convivial.
Un voyage vers le sud
Les polars scandinaves ont beau avoir le vent en poupe, c'est la Méditerranée qui se présente tant sur les rayons que sur la carte. "À notre table, vous voyagerez comme avec Ulysse ou les pirates de l'empire Ottoman", dépeint la commerçantes.
Le chef, Max di Meco, est italien, et entre les murs roses, le vieux comptoir en bois cérusé de blanc ou la verrière qui donne l'impression d'être invité dans une véranda à la campagne, il propose des repas autour d'une trentaine d'euros par personne pour entrée-plat-dessert. Et l'on peut aussi utiliser le Cent Huit comme un traiteur, en commandant les plats sur le site internet.
Repères
Raison sociale : Le Cent Huit
Siège social : Paris (XIXe)
Date de création : 2014
Dirigeants : Rosa et Hakim Aoudia, 49 ans tous les deux
Effectif : 7 personnes (3 en librairie et 4 en cuisine)
CA 2018 : 600 k€
