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[Billet d'humeur] Comment gérer le retour de la bise ?

Publié par Alexandre des Isnards le | Mis à jour le
[Billet d'humeur] Comment gérer le retour de la bise ?

Après la crise de la Covid-19 et les mesures de distanciation sociale, se faire la bise n'est plus aussi naturel qu'avant. Alors comment gérer le retour de la bise ?

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Une femme s'approche et vous colle ses lèvres. Smack !...Smack !... Deux grosses bises goulues claquent vos oreilles telle une ventouse qu'on arrache. Les joues tartinées de fond de teint, le nez saturé de gloss cerise... vous vous réveillez en sursaut.

Ce cauchemar trahit votre angoisse. Vous dirigez un centre de gestion de sinistres à Cassis dans le Sud. Vous avez été parachuté pendant la Covid en remplacement d'un directeur défaillant. Vous étiez ravi, vous étouffiez un peu à la Défense, mais aujourd'hui, vous stressez : tout l'effectif sera au bureau pour la première fois. Et avec la fin des distanciations sociales, vous redoutez le retour de la bise. En deux ans de visio, les Sonia, les Hervé, les Ghita n'ont pas arrêté de se rappeler du bon temps de la bise, bannie par le virus. Pour eux, la Covid n'a été qu'un long tunnel distanciel, pour vous, une aubaine. Vous êtes issu d'une famille tradi bourgeoise qui a beaucoup souffert de l'évolution des moeurs vers les embrassades marquées. Les checks maladroits, les effusions de joie feintes, les bises entre hommes vous mettent mal à l'aise. Déjà, petit, quand on vous disait « Viens faire la bise à tante Jacqueline ! », vous filiez derrière le canapé. Alors claquer la bise en réunion, à la cafet' ou à vos voisins d'open space, c'est un vrai cauchemar.

Pourtant, vous vous dites qu'il va bien falloir vous y plier. Votre mère vous a appris qu'il fallait s'adapter aux conventions. Mais comment faire ? Dans le Sud, c'est trois bises. Mais à qui ? Vous êtes le boss. Si vous la faites à tout le monde, ça paraîtra familier, si vous ne la faites à personne, ça paraîtra hautain. Et si vous aviez des alliés ? Les nouveaux arrivés n'aiment peut-être pas ces familiarités et les femmes, elles, ne sont pas forcément d'accord qu'on les embrasse à tour de bras sous prétexte que c'est une tradition. Et peut-être que le Covid a eu raison de cette coutume. Selon une étude de l'institut de sondage Ifop (mars 2021), 50 % des sondés affirment qu'ils n'embrasseront plus leurs proches, amis ou collègues. On a fait tomber le masque, pas les craintes.

Tant mieux. On parle souvent des bienfaits de la bise (réduction de stress, amélioration de la confiance en soi, meilleure cohésion sociale), mais rarement de ses méfaits : non seulement une bise peut filer une gastro, mais, contre-productive, elle peut tuer une bonne idée. En saluant Nadine, vous piétinez sa créativité. Elle a mis 30 minutes pour se mettre dans la zone et pondre une stratégie qui déchire et vous crevez sa bulle pour un bisou ! La bise est redoutable aussi car on ne sait jamais quand elle s'arrête. Les gens se disent bonjour même l'après-midi. A un moment, il faut bien travailler. On prétend que la bise facilite les rapports humains, elle les complique aussi. Faut-il serrer la main de son n+2 ? Faire un check au stagiaire ? Faire la bise aux commerciaux, toujours joviaux ? La bise s'impose toujours face à la retenue. C'est sa perversité. La refuser vous fait passer pour odieux et, en plus, vous culpabilisez d'être distant. Alors, face à ces dilemmes, optez pour la sublime parade : un geste à la cantonade.

 
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