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Défaillances d'entreprises : 4 red flags pour les entrepreneurs (et leurs experts-comptables)

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Défaillances d'entreprises : 4 red flags pour les entrepreneurs (et leurs experts-comptables)
© Olivier Le Moal - stock.adobe.com

Le climat reste tendu pour les petites et moyennes entreprises françaises. 16 586 entreprises ont fait l'objet d'une procédure collective au deuxième trimestre 2025, un chiffre en hausse de 1,3 % par rapport à la même période l'an passé. Le nombre cumulé de défaillances dépasse désormais 68 700 sur douze mois glissants (1)

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C'est un niveau record, jamais atteint depuis 1991 (2). Et sauf infléchissement de la tendance, le cap symbolique des 70 000 défaillances pourrait être franchi d'ici la fin de l'année (3). Mais ce n'est pas tout : les radiations d'entreprises ont bondi de 113 % au premier trimestre 2025. Pour la première fois depuis des années, le solde entre créations et disparitions d'entreprises est devenu négatif : près de 5 000 entités ont disparu en solde net sur les trois premiers mois de l'année (4). Le tissu entrepreneurial français se contracte, en particulier dans les TPE, qui représentent l'écrasante majorité des défaillances (5). Dans ce contexte, il est crucial pour les entrepreneurs - et les experts-comptables qui les accompagnent - de repérer rapidement les signaux faibles. Car plus l'alerte est précoce, plus les leviers de redressement sont nombreux. Voici quatre "red flags" à surveiller de près.

Des retards de paiement qui deviennent chroniques

En 2024, le délai moyen de règlement interentreprises en France a atteint 51 jours, contre 48 jours en 2023 (6). Ces retards ne sont pas de simples frictions administratives : ils sont un facteur direct de fragilisation financière. Les entreprises qui subissent régulièrement des retards de paiement voient en effet leur risque de défaillance augmenter de 25 %, et ce risque grimpant à 40 % si les retards dépassent un mois (7).

Pour les TPE, dont la trésorerie repose souvent sur quelques clients clés, ces décalages de paiement peuvent suffire à créer des tensions majeures : impossibilité de payer les fournisseurs, charges sociales différées, découvert bancaire récurrent. Le plus inquiétant, c'est que ces retards tendent à se banaliser, alors qu'ils devraient être considérés comme un signal d'alerte à part entière.

Une dépendance accrue au financement de court terme

Beaucoup d'entreprises, confrontées à des trésoreries tendues, s'en remettent de plus en plus au crédit à court terme : lignes de trésorerie urgentes, affacturage, étalement des dettes sociales ou fiscales. Si ces solutions peuvent être utiles en période transitoire, leur utilisation répétée révèle un déséquilibre structurel. D'autant que l'accès au crédit s'est durci avec la hausse des taux directeurs et le recentrage des établissements bancaires sur les profils les plus solides.

Cette dépendance à des ressources extérieures, souvent plus chères et instables, réduit fortement la capacité de l'entreprise à absorber les imprévus. Selon une étude Altares, les entreprises de 6 à 19 salariés ont vu leurs défaillances augmenter de 10 % en un an, une tranche d'effectif où l'on observe justement le plus de tensions sur le financement (1). C'est une catégorie d'entreprises qui ne bénéficie pas des leviers d'optimisation des grandes structures, mais qui est souvent exposée à des charges fixes incompressibles.

Une rentabilité érodée, malgré un chiffre d'affaires maintenu

Beaucoup de TPE et PME affichent un chiffre d'affaires stable, voire en légère hausse. Mais derrière ces chiffres rassurants se cache une réalité plus fragile : l'érosion progressive des marges. L'inflation persistante sur les coûts de production, les salaires ou l'énergie n'est pas toujours répercutée sur les prix. Résultat : une rentabilité sous pression, une trésorerie qui se tend, et une capacité d'autofinancement qui s'effondre. Ce phénomène est particulièrement marqué dans des secteurs comme la restauration traditionnelle, qui enregistre une hausse de 21 % des défaillances au deuxième trimestre 2025 (1).

À cela s'ajoute un facteur externe qui pourrait accentuer encore la tendance : la remise en place de droits de douane par les États-Unis. L'augmentation annoncée à 10 % sur certains produits français - parfums et cosmétiques, vins et spiritueux -, pourrait faire chuter les marges de 0,6 point en moyenne pour les exportateurs vers le marché américain. Pour les quelque 28 000 entreprises françaises exportant vers les États-Unis, dont de nombreuses PME, c'est un choc qui arrive au pire moment. En cas d'aggravation du conflit commercial, certains scénarios évoquent jusqu'à 12,8 points de marge perdus dans les filières les plus exposées (8). Dans un contexte où les marges sont déjà rognées, chaque point compte. Et c'est souvent lorsque la rentabilité se détériore, silencieusement, que l'entreprise devient la plus vulnérable.

Une absence de pilotage financier au quotidien

Il ne suffit plus de se reposer sur son expérience ou l'historique de l'entreprise pour traverser les crises. Selon la Banque de France, 66 937 défaillances ont été enregistrées sur les 12 derniers mois à fin avril 2025, soit le niveau le plus élevé depuis 1991 - au-dessus des précédents pics de 1993, 2009 et 2015. Et contrairement à une idée reçue, près d'une défaillance sur deux concerne aujourd'hui des entreprises de plus de 10 ans (9). L'ancienneté ne protège donc plus de la vulnérabilité. Cette réalité s'explique en partie par une insuffisance de pilotage régulier. Résultat : les tensions de trésorerie s'aggravent sans alerte, les marges se dégradent en silence, et les décisions sont prises trop tard.

Les experts-comptables jouent un rôle central dans un suivi rigoureux - des marges, des encours clients, du besoin en fonds de roulement, des charges fixes - ce qui permet d'anticiper les fragilités, de dialoguer en amont avec les partenaires financiers, ou de réaligner ses priorités. Leurs analyses, leurs indicateurs, leurs tableaux de bord peuvent permettre aux dirigeants de prendre les bonnes décisions à temps : revoir leurs conditions de règlement, sécuriser leurs encaissements, ajuster leurs charges, ou tout simplement regarder la réalité financière de l'entreprise sans filtre. Dans une économie encore instable, l'anticipation n'est plus une option. C'est une ligne de défense.


Sources : (1)Selon l'étude Altares, Défaillances d'entreprises T2 2025, juillet 2025 (2)Selon la Banque de France - étude des défaillances avril 2025.

(3)Le rapport Les défaillances de PME-ETI au plus haut en 2024, publié le 8 janvier 2025 par BPCE L'Observatoire anticipe jusqu'à 68 000 défaillances pour 2025, un niveau historiquement élevé. Il précise que ce chiffre pourrait se rapprocher de 70 000 si la dynamique ne s'infléchit pas d'ici la mi-année.

(4)CNGTC & Xerfi, Observatoire statistique, avril 2025

(5)Selon la Banque de France - Suivi mensuel des défaillances, avril 2025, sur les 66 937 défaillances enregistrées sur 12 mois glissants, la quasi-totalité concerne les TPE/PME. Les TPE de moins de 10 salariés concentrent une part très élevée des procédures de liquidation immédiate (près de 80 %). Par ailleurs, selon Altares - Défaillances T2 2025, les micro-entreprises (0 salarié) et TPE (1-5 salariés) représentent plus de 9 défaillances sur 10. Enfin, les TPE sont largement majoritaires dans ce volume de radiations, comme l'indique leur part structurelle dans le registre du commerce.

(6)Coface, Baromètre des retards de paiement 2024

(7)Banque de France, 2024 - Étude sur les causes de défaillances (8)Selon une étude du service statistique ministériel des douanes (juillet 2025) relayée par BFM TV

(9)Selon le rapport Les défaillances de PME-ETI au plus haut en 2024, publié le 8 janvier 2025 par BPCE L'Observatoire


Bio Borja Valiente est VP of Sales et General Manager EMEA. Ila rejoint GoCardless en 2016. Il y a occupé plusieurs postes de direction commerciale en Europe avant d'être nommé VP of Sales et General Manager EMEA en 2023. Il est également cofondateur de Big Brain Languages, une plateforme de cours de langues en ligne lancée en 2014. Il a débuté sa carrière chez Volkswagen en Espagne puis chez Deloitte à Shanghai, après des études en commerce international et en langue chinoise à Pékin.



 
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