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[Epargne et placements] Le gouvernement cherche-t-il à tuer l'assurance-vie ?

Publié par WeShareBonds le

Loi Sapin, loi Macron, loi PACTE : depuis deux ans les réformes se succèdent et pourraient finalement modifier le paysage de l’épargne des Français. L’assurance-vie, placement fétiche des Français, en sera-t-elle impactée ?

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La place de l’assurance-vie dans le patrimoine des français et son impact sur la culture de l’investissement

L’assurance-vie a connu ces dernières années une baisse régulière de sa rémunération. Le rendement des fonds « euros » est ainsi passé de 5,30 % en 2000 à 1,80 % en 2016, selon la Fédération française de l’assurance. Conséquence logique de la baisse des taux. En effet le rendement des OAT 10 ans est passé à des niveaux quasi-nuls, les assureurs ont dû compter sur leur stock d’émissions anciennes pour assurer un niveau de rémunération correct et amortir l’impact de la baisse des taux. Inversement, le risque actuellement serait qu’avec le mouvement en cours de hausse des taux, les épargnants choisissent de se tourner directement vers des placements plus rémunérateurs. Un mouvement rapide et massif pourrait même entraîner un risque systémique : les assureurs étant contraints de liquider leur position - alors même que les valorisations des actifs seraient impactées par le niveau des taux - et de puiser de manière trop importante dans leurs réserves.

La loi Sapin II a ainsi autorisé Le Haut Conseil de stabilité financière (HCSF) à prendre éventuellement des mesures conservatoires pour «suspendre, retarder ou limiter, pour tout ou partie du portefeuille, le paiement des valeurs de rachat, la faculté d'arbitrage ou le versement d'avance sur contrat») (voir notre Article L’assurance-vie a-t-elle vocation à rester le « placement préféré des français » ?). Une disposition qui existe d’ailleurs déjà dans certains contrats.

Pourtant avec un encours de 1.681 milliards d’euros à fin mars 2018, en progression de 2% sur un an, l’assurance-vie reste le placement fétiche des Français. La collecte nette reste dynamique et toujours en majorité orientée vers les supports « en euros » au détriment des actifs plus risqués en unités de compte (UC). Cette situation est emblématique du comportement des épargnants français qui restent des « cigales trop prudentes » (voir notre article Les Français sont-ils des cigales ou des fourmis ? .

Les mesures qui vont plutôt à l’encontre de l’assurance-vie

Pourtant dans sa volonté de réorienter l’épargne des Français vers l’économie réelle et des actifs plus risqués, les derniers gouvernements semblent avoir fait feu de tout bois. L’introduction de la « flat-tax » à 30% unifiant les différents supports d’investissement, a porté un coup important à un des principaux avantages compétitifs de l’assurance-vie.

Dans le même temps des pistes ont été évoquées afin de réformer l’épargne retraite du type PERP (qui représente 200 milliards d'euros), en introduisant la possibilité de sortir non seulement en rente, mais également en capital à l’âge de la retraite, option jusqu’ici quasi impossible pour ces produits. Cette liberté totale pour l’option de sortie serait assortie d’une unification des supports autour d’un seul produit (actuellement divers produits fonctionnent chacun avec leurs règles spécifiques) que l'on pourra garder tout au long de sa vie jusqu'à la retraite malgré les changements de statuts (salarié, indépendant, etc) au cours de la vie professionnelle via une portabilité garantie. Enfin une incitation fiscale et des abondements employeurs renforceraient l’attractivité. Dernier point : l’introduction d’une possibilité de « gestion pilotée » permettant à l’épargnant de prendre plus de risque.

Dans le cadre des travaux de la future loi PACTE (article loi pacte) reprenant en partie les 45 propositions du rapport Barrot-Zagur, il a un temps été envisagé de préconiser la fin des contrats assurance-vie en euro. Cependant le « big-bang » attendu n’a pas eu lieu. ll semble que les arbitrages iront vers une réorientation de l’assurance-vie vers des placements plus risqués et plus long terme.

Vers une assurance-vie plus risquée

De manière générale, la volonté actuelle consiste à mieux flécher l’épargne vers l’économie réelle. Cela a été réitéré en début d’année lors du Grand rendez-vous de l’investissement productif #Makeoureconomygreatagain, rassemblant les principaux acteurs de l’industrie financière.

Dans le domaine de l’assurance-vie, l’on se dirige a priori vers une réforme consensuelle plus que vers une rupture. Ainsi en sus des contrats euros classiques, il est envisagé de :

  • relancer des contrats « euro-croissance » rénovés : créés en 2013, ceux-ci prévoient une garantie en capital seulement au bout 8 ans minimum, moyennant un rendement in-fine supérieur et une orientation de gestion plus risquée vers les PME. Cependant ce produit n’a jamais rencontré son public, ni auprès des souscripteurs ni auprès des assureurs. Ces contrats ne profitent pas de l’effet cliqué annuel qui permet de sécuriser la performance annuelle comme dans un contrat classique.
  • introduction de contrats « bonifiés » : ces contrats bénéficieraient d’une garantie partielle en capital puis totale au-delà d’un seuil de 8 à 10 ans, et d’une incitation fiscale liée à la détention. Par ailleurs cette formule ne serait qu’optionnelle et non obligatoire, au détriment des contrats classiques qui conserveraient leur statut.
  • Enfin il est prévu de faciliter les transferts entre l’assurance-vie et l’épargne-retraite, et l’accès des assureurs au non coté en private equity. Les ratios de solvabilité pourraient même être allégés afin de diminuer les contraintes en capital des assureurs, liées à des investissements plus risqués.

Depuis 5 ans, les placements les plus risqués en unité de compte ont fortement progressé, sous l’effet de la baisse des taux. La réforme attendue de l’assurance-vie restera a priori assez consensuelle malgré une volonté de mieux orienter cette manne vers les PME qui pourraient profiter indirectement au gérant d’actifs traditionnels.

Afin de financer en direct les PME et l’économie réelle, dans une optique de rendement, le crowdfunding (dont la partie crédit ou crowdlending) restera une option très compétitive pour l’épargnant. Permettant d’allier diversification directe, vision moyen terme et long terme, d’autant plus si la réforme permettant de créer un « minibon » amélioré sur des échéances de 7 ans est entérinée (voir notre article sur les mini-bons).

Retrouvez cet article sur le blog de WeShareBondsLe gouvernement cherche-t-il à tuer l'assurance-vie ?

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