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Reprise d'entreprise et Pôle emploi : comment concilier les deux ?

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Reprise d'entreprise et Pôle emploi : comment concilier les deux ?
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Dans son livre sur la reprise d'entreprise, l'expert-comptable et fondateur de la Maison de l'Entrepreneur Frédéric Turbat explique par des fiches détaillées tous les outils et méthodes pour réussir cette transaction.

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Il est possible de reprendre une entreprise et d'être accompagné par Pôle emploi. Le plus souvent, cet accompagnement prend la forme du versement au créateur d'entreprise et demandeur d'emploi de son allocation de retour à l'emploi (ARE). En cela, l'aide apportée est très importante, car elle offre deux choses au repreneur :

1- elle lui permet de ne pas affecter la trésorerie de la société reprise pendant une certaine durée ;

2 - elle aide le repreneur à se constituer son propre système " d'assurance perte de revenus ".

Trésorerie pendant 24 ou 36 mois

Le repreneur d'entreprise qui bénéficie de l'ARE pendant 24 ou 36 mois (convention de 2014), selon qu'il a moins ou plus de 50 ans, peut de ce fait ne pas prendre de rémunération pendant cette période d'accompagnement.

Actuellement, l'ARE perçue par le repreneur, dès l'instant où il est éligible à l'accompagnement de Pôle emploi, est calculée sur la base de 57 % du salaire brut de référence. Pendant la période où l'entrepreneur était salarié, il percevait environ 75 à 78 % de son salaire brut. Il perd près d'un quart de son salaire net d'avant, ce qui est loin d'être négligeable. Mais, bien souvent, le repreneur d'entreprise peut puiser dans ses réserves personnelles pendant cette période s'il veut maintenir son niveau de vie, sans toucher à la trésorerie de son entreprise.

Business plan de reprise

Dans le business plan de reprise, le repreneur cherchant un financement peut mettre en avant que son projet est d'autant plus viable et crédible que pendant deux (ou trois) ans, le principal acteur a capacité à ne pas se rémunérer. Cela dit, un projet de reprise ne se monte pas en quelques semaines et il est normal de " consommer " plusieurs mois de perception d'ARE avant que la cession ne devienne effective.

Il reste cependant peut-être une à deux années pendant lesquelles le repreneur pourra réduire la masse salariale de l'entreprise à reprendre. Généralement, le départ du cédant s'accompagne d'une réduction du poids des salaires par l'arrêt de la rémunération de ce dernier. Cet allègement sera d'autant plus significatif dans les comptes prévisionnels de l'entité reprise que le nouveau dirigeant ne percevra pas de rémunération immédiatement. Les deux ou trois premières années qui suivent la reprise d'une entreprise sont les plus délicates, sinon les plus dangereuses.

En effet, c'est le temps où le nouveau propriétaire et dirigeant devra non seulement se faire accepter, mais où il aura la tâche aussi essentielle que délicate de faire adhérer les salariés de l'entité reprise à son projet de développement. Ainsi, pendant cette période, si l'entrepreneur peut expliquer qu'il a pris tous les conseils, accompagnements et formations nécessaires à la mise en oeuvre de son projet, et qu'il contribue au financement par un apport personnel complété d'une non-rémunération, il offre au banquier un dossier sérieux ! Au-delà même de la question strictement financière, le repreneur met en avant dans son projet le fait qu'il a compris son rôle d'entrepreneur et de dirigeant.

Source de revenus complémentaire

Enfin, le mécanisme d'aide mis en place par Pôle emploi assure aussi un revenu complémentaire, permettant à la famille du repreneur de ne pas se mettre en zone de risque. Ce point peut aussi être analysé par les établissements financiers, en faveur d'un dossier de reprise à financer.

Une assurance " perte de revenus " ?

C'est un élément commun à tout entrepreneur ou repreneur d'entreprise : quel que soit le statut juridique qu'ils envisagent de retenir, ils ne bénéficieront pas de la couverture Pôle emploi. De très rares cas, étudiés à la loupe par Pôle emploi, peuvent permettre une indemnisation, et dans la seule situation où l'entrepreneur ne soit pas gérant (SARL) ou président (SAS ou SASU), et que ce rôle ne soit pas rempli par un membre de sa famille. Ainsi, en cas de liquidation de leur entreprise, comme en cas de réduction de la rémunération du repreneur, ce dernier ne sera pas couvert par Pôle emploi.

Comment se constituer une garantie " perte de revenus " en cas de reprise d'entreprise ?

Il n'est donc pas possible pour un repreneur de faire garantir son mandat social, en cas d'arrêt de sa rémunération, par Pôle emploi. Il est envisageable de se tourner vers le secteur privé, en abondant sur des systèmes d'assurance chômage spécifiques, garantissant (souvent moyennant un délai de carence assez long) un revenu en cas de perte d'activité. Ces produits assurent un revenu en compensation d'une perte de rémunération.

La question se pose avec intérêt si :

- les revenus à garantir sont élevés ;

- les cotisations peuvent être déduites des bénéfices de la société ;

- et surtout... si la personne n'est plus couverte par Pôle emploi ! Dans ce chapitre, le dernier point nous intéresse tout particulièrement. En effet, il est important, tout en restant dans l'esprit de la loi assurant aux entrepreneurs et repreneurs le maintien de leurs droits, d'éviter de se rémunérer dans la société reprise ou créée. Cela permet de laisser de la trésorerie dans la société et, ainsi, faciliter son développement, voire son lancement, améliorer le niveau de crédibilité d'un projet de reprise, etc. Toutes ces raisons ont été évoquées plus haut. Quel pourrait être le second avantage de ne pas se rémunérer pendant la période de Pôle emploi ?

Pôle emploi, précisément ! En effet, un dirigeant n'est pas couvert en cas de réduction ou d'arrêt des revenus qu'il perçoit en provenance de la société qu'il gère. Il doit donc devenir, en endossant le métier de chef d'entreprise, son propre assureur en matière de perte de revenus.

Vous avez dit " propre assureur " ?

Le dirigeant doit donc se couvrir personnellement, et la couverture qu'il va mettre en place aura plusieurs caractéristiques :

- elle le couvre en cas de pertes de revenus ;

- elle le couvre en cas de réduction de revenus ;

- elle n'est pas à fonds perdu.

L'entrepreneur, en rythme de croisière, décidera de se rémunérer moins que le niveau d'activité et de trésorerie que sa société lui permet. Il procédera ainsi, pendant plusieurs années, probablement jusqu'à son départ en retraite. Après quelques années, le repreneur se sera constitué un capital de trésorerie susceptible de le couvrir en cas d'arrêt de son activité, mais aussi en cas de réduction de ses revenus, ce qu'aucun système (fusse-t-il privé) n'offre à ce jour. Le jour où il part en retraite et que ses revenus ont une double provenance (sa société, s'il décide de continuer à travailler, et ses pensions), il peut se poser la question de récupérer ses " cotisations " : c'est-à-dire l'épargne qu'il s'est constituée toutes ces années ! Il récupère donc (certes avec un frottement fiscal et social) le fruit de sa prudence.

Deux questions se posent :

- Comment faire les premières années pour un entrepreneur accompagné par Pôle emploi ? Pendant la période de perception de l'ARE, l'entrepreneur aura intérêt à ne pas se rémunérer et à capitaliser cette trésorerie dans son groupe. Finalement, c'est Pôle emploi lui-même qui permet à l'entrepreneur de pallier l'absence de la couverture Pôle emploi sur ses rémunérations futures ! C'est pourquoi, dans le cadre de l'accompagnement de repreneurs d'entreprises, nous préconisons de ne pas non plus se verser de dividendes pendant la période de perception de l'ARE et ainsi de jouer la prudence. Toutefois, si un entrepreneur considère qu'il a intérêt à ne pas se rémunérer dans la structure reprise pour percevoir l'ARE, alors que sa structure pourrait lui verser une forte rémunération sans remettre en cause son équilibre financier, il est manifeste qu'une question d'éthique personnelle et citoyenne peut se poser !

- Où loger cette trésorerie prudentielle ? Un projet de reprise d'entreprise est souvent piloté par une holding qui a acquis les titres de la société cible. Il est préférable que ce soit cette structure qui gère cette démarche prudentielle.


Pour aller plus loin

Reprise d'entreprise 50 clés pour réussir, par Frédéric Turbat . 50 fiches pratiques, claires pour aider ceux qui veulent reprendre une entreprise. Un livre des éditions Privat. Voir le livre sur Amazon.

 
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