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Un ange dans votre tour de table

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Vous croyez au potentiel de votre PME mais manquez de fonds pour la développer? Les business angels peuvent vous aider. Si vous réussissez à les séduire, ces investisseurs privés vous apporteront bien plus que de l'argent. Mais comment en tirer parti?

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@ RON CHAPPLE STOCK/CORBIS/DG

William Windys croit en sa bonne étoile. Sa société de surgelés haut de gamme, Saveurs Cristal, double son chiffre d'affaires tous les ans. Et pourtant, lors de sa création en 2005, aucune banque ne voulait prêter au dirigeant le demi-million d'euros nécessaire à la construction de son laboratoire. Si le projet a pu voir le jour, c'est grâce à un business angel. Cet investisseur avisé a placé 200 000 euros dans la PMI francilienne et cautionné un prêt bancaire de 450 000 euros. Trois ans plus tard, aucun des partenaires de l'entrepreneur francilien ne le regrette: Saveurs Cristal vient de réaliser son premier exercice bénéficiaire et attaque le marché européen.

A l'instar du bienfaiteur de William Windys, au moins 150 patrons de PME françaises ouvrent, chaque année, leur capital à plus de 2 000 business angels. Mais qui sont ces investisseurs providentiels? Il s'agit d'individus relativement fortunés, prêts à miser une partie de leur patrimoine, de leurs compétences et de leur réseau dans des sociétés auxquelles ils croient. Loin de l'image d'Epinal du retraité milliardaire, les deux tiers de ces «anges des affaires» sont des cadres dirigeants en activité ou des entrepreneurs ayant cédé leur société. Quasi inexistants en France il y a encore dix ans, ils sont désormais de plus en plus nombreux. Et devraient d'ailleurs se multiplier grâce à la loi dite Tepa (travail, emploi et pouvoir d'achat), qui permet désormais aux particuliers investissant dans une PME non cotée de bénéficier d'une réduction de 75% de leur ISF, dans la limite de 50 000 euros par an.

ALEXANDRE STERN, p-dg de Cryptolog, solutions de gestion d'identités numériques

Il faut ouvrir son capital au bon moment: plus tôt on lève les fonds, moins la valorisation est élevée et moins les clauses sont favorables.

Etre faits l'un pour l'autre. Si votre PME est innovante, vous avez toutes les chances d'intéresser un business angel, que votre innovation soit technologique ou non. «50% des dossiers soutenus sont low-tech, c'est-à-dire à faible contenu technologique», observe Nicolas Fritz, délégué général de l'association France Angels. L'essentiel est que le produit ou service proposé soit radicalement nouveau. La société Urban Football, par exemple, a réussi à fédérer une dizaine de business angels autour d'un projet fort peu high-tech mais totalement inédit: l'organisation de tournois de football à cinq. Corollaire de l'innovation, le potentiel de croissance est le critère de sélection numéro 1 des business angels. Le retour sur investissement attendu est en moyenne de + 500% à + 700%, dans un délai de cinq à sept ans! C'est ainsi que la société parisienne Notrefamille, exploitant du premier portail internet de généalogie et de recherche de prénoms, a fait la joie de sa dizaine de business angels: comme le relate le p-dg, Toussaint Roze, «la valeur des parts a été multipliée par dix entre le premier tour de table, en 2000, et l'introduction en Bourse, en 2007.»

Quel que soit le projet, les business angels ont tendance à investir groupés. Leur apport cumulé est généralement de l'ordre de 150000 euros, chacun misant quelques dizaines de milliers d'euros. S'il vous faut davantage, vous pouvez regrouper plusieurs réseaux et espérer lever jusqu'à un demi-million d'euros.

TOUSSAINT ROZE, p-dg de Notrefamille, portail internet de généalogie

La valeur de nos actions a été multipliée par dix entre notre premier tour de table, en 2000, et notre entrée en Bourse, en 2007.

Anges ou démons? En outre, la plupart des PME se financent parallèlement auprès de fonds d'investissement. Dans ce contexte, les business angels sont plus que de simples financiers. Ils apportent du «smart money», c'est-à-dire du «capital intelligent»: au-delà des euros, ce sont des conseils avisés, voire parfois un véritable mentorat. Par exemple, chez Bionersis, une société spécialisée dans la valorisation des gaz de décharge (gaz issus de la biodégradation des matières organiques dans les décharges), Frédéric Pastre, le p-dg, téléphone toujours à son «ange gardien» avant de prendre une décision importante. Les business angels peuvent également servir d'intermédiaires en présentant de nouveaux investisseurs ou même des clients.

Forts de leur poids financier et moral, les business angels ne risquent-ils pas de vouloir gérer l'entreprise à votre place? Pour se prémunir de cette dérive, rare mais possible, la première précaution à prendre est de garder la majorité des parts de votre affaire. C'est ce qu'a fait Alexandre Stern, président de Cryptolog, éditeur de logiciels de gestion des identités numériques basé à Paris. «Pris individuellement, aucun business angel n'a plus de 1% de notre capital, et s'ils s'alliaient, ils réuniraient au mieux 5%», précise le p-dg. Il faut dire que le dirigeant a ouvert son capital au bon moment: l'entreprise vivait depuis six ans sur ses fonds propres et se trouvait, de ce fait, en bonne position pour négocier. «A contrario, plus tôt on lève les fonds, moins la valorisation est élevée et moins les clauses sont favorables», prévient Alexandre Stern. De là à déconseiller le recours aux business angels en phase de création, il n'y a qu'un pas... Que le gérant de Saveurs Cristal, William Windys, ne franchit pas. Sans la confiance de son investisseur, l'entreprise n'aurait pas pu vivre ses six premiers mois d'activité, sans chiffre d'affaires et en assumant 15 salaires. «C'est avant tout une aventure humaine», précise Claude Boulot, président du club Investessor. Les affinités entre personnes sont d'ailleurs essentielles, dès la sélection des projets (cf. encadré) .

Pour le reste, la meilleure précaution est de penser très tôt à la séparation. Car l'objectif final des business angels est bien de revendre leurs parts et de réinvestir leurs plus-values ailleurs. Dès lors, mieux vaut leur dire tout de suite si vous prévoyez, à terme, de racheter leurs titres, de vous introduire en Bourse ou de céder votre entreprise à un tiers. Dernier conseil: soignez la rédaction du pacte d'actionnaires, qui régira les relations avec vos investisseurs. Et ensuite? Si tout se passe bien, les business angels pourront conserver leurs parts après avoir récupéré leur mise initiale. C'est ce qu'ont fait les investisseurs de Notrefamille, société que la Bourse valorise aujourd'hui à plus de 15 millions d'euros. Le p-dg de la PME souhaiterait d'ailleurs devenir, à son tour, business angel.

@ EIEWIRE/CD

A SAVOIR

Une sélection drastique
Vous pensez que votre PME a le bon profil et vous avez trouvé les coordonnées d'un réseau sur le site de l'association France Angels? Le plus dur reste à faire! Pour séduire les business angels, il va d'abord falloir soumettre votre dossier par e-mail. A ce stade, c'est la qualité de votre business plan - d'une quarantaine de pages - qui fera la différence. Si tout se passe bien, vous serez ensuite invite a présenter votre entreprise en cinq minutes devant un jury. A vous de jouer pour être à la fois percutant, sympathique et sérieux... Le tout en 300 secondes! En cas de succès, vous serez présenté à une sélection de business angels et signerez peut-être avec eux. Sachez tout de même que quatre dossiers sur cinq sont rejetés. «Pour l'emporter, expliquez à quoi va servir l'argent», conseille Nicolas Fritz, délégué général de France Angels. «Et montrez bien que vous connaissez votre marché et vos concurrents», renchérit Claude Boulot, président du club Investessor. Mais surtout, ne négligez pas votre propre image: comme le disent les investisseurs, «on préférera toujours un entrepreneur extraordinaire portant un projet moyen plutôt qu'un projet extraordinaire porté par un entrepreneur moyen»!

 
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Julien SAVOY

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