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Export : misez sur la Suisse !

Publié par Marion Perroud le - mis à jour à

Le marché suisse présente de nombreuses opportunités de développement pour les sociétés françaises. Mais, avant d'exporter ou d'ouvrir une filiale de l'autre côté de la frontière, encore faut-il bien se préparer en amont sous peine de nombreuses déconvenues.

En septembre 2013, la Suisse est sacrée pays le plus compétitif du mon­­­de par le Forum économique mondial, pour la 5ème année consécutive. Système éducatif de haut niveau, instituts de recherche de renommée internationale, proximité du monde universitaire et industriel...

La Suisse a fait de l'innovation et de l'industrie (22 % du PIB) les moteurs de sa compétitivité. " Elle est ainsi devenue un îlot de prospérité dans une Europe en crise ", résume Fabrice Lelouvier, directeur d'Ubifrance Suisse. Du fait de ses faibles ressources naturelles et de son marché in­­té­rieur restreint, notre petit voisin d'à peine huit millions d'habitants est, en outre, résolument tour­­­­­­­­né vers l'international, notamment pour s'approvisionner en matières premières et produits trans­­­for­més, offrant ainsi de belles opportunités de dévelop­­­pement pour les entreprises françaises.

De par sa proximité géographique et cultu­relle, la France arrive d'ailleurs dans le top 3 des im­­­­­portations suisses, der­­­­­­rière l'Allemagne et l'Italie. Parmi les produits français les plus importés, en particulier en Suisse romande, ceux de l'agroalimentaire, de l'aéronautique, de la joaillerie et de la bijouterie, ou encore de l'automobile. " Du fait de la barrière de la langue, beaucoup de sociétés françaises s'arrêtent à Genève, voire à Lausanne. Les produits français remportent ainsi 25 % des parts de marché en Suisse romande, contre seulement 6 % du côté alémanique. Cette région représente pourtant les deux tiers de l'économie suisse. C'est précisément là-bas que les entre­­­­­prises françaises ont les plus fortes marges de progression, notamment sur le plan industriel ", assure Fa­­­brice Lelouvier.

Ubifrance Suisse

Fabrice Lelouvier

Un marché dont les so­­­­­­­­­­­­­ciétés françaises pourraient donc encore plus tirer profit lorsque l'on sait que la Suisse enregistre un PIB par habitant deux fois plus élevé que celui de la France. " Les Suisses ont un très haut niveau de pouvoir d'achat et sont prêts à mettre le prix si la qualité est au rendez-vous ", remarque le directeur d'Ubifrance Suisse. Si l'environnement local est glo­­­­ba­­­­­­­lement favorable aux entreprises étrangères, développer son activité en Suisse ne s'improvise pas. " Il faut être extrêmement bien préparé. Malgré son ouverture sur l'extérieur, l'économie suisse de­­­meure, en effet, très concur­­­­­­ren­tielle et les consommateurs suisses sont très attachés aux produits "Swiss made". Personne ne vous attend et vous avez intérêt à être le meilleur pour vous démarquer ", insiste Fabrice Lelouvier.

Par ailleurs, si vous souhaitez faire des affaires avec la Suisse, ne négligez pas le coût des règles et procédures douanières qui, même s'il peut être faible, est bien réel dans ce pays non-membre de l'Union européenne.

Se comporter comme un Suisse

La posture business gagnante selon le directeur d'Ubifrance Suisse ? " Se comporter comme un Suisse. " Humilité, rigueur, discrétion, ponctualité, professionnalisme, pragmatisme et sens du consensus sont de mise pour réussir son entrée sur ce marché. " D'autant plus les Français sont souvent considérés comme trop sûrs d'eux ", déplore Ludovic Doutreleau, avocat d'affaires et président du cabinet Entegon Avocats.

Il est donc primordial que vous vous adaptiez à la culture business locale. Aussi, pour débuter sur le marché suisse en limitant les risques, la voie de la domiciliation ou l'envoi d'un volontaire international à l'étranger (VIE) peuvent être des pistes intéressantes. D'autant que, dans le cadre d'une relation d'affaires, les Suisses préfèrent en règle générale avoir un référent sur place afin d'instaurer un lien de confiance sur la durée.

Sachez également que si la ma­­jorité des Suisses comprennent le français, au pays des Helvètes, l'anglais voire l'allemand sont les langues à privilégier pour faire des affaires. Une tâche d'autant plus compliquée que le marché intérieur est morcelé entre la Suisse romande, alémanique et italophone : trois régions linguistiques, culturelles et économiques différentes qui supposent des stratégies d'approches distinctes.

Pour faciliter leur entrée sur le marché, certaines entreprises françaises optent pour la piste de partenariats directs avec des sociétés suisses. C'est la stratégie adoptée, par exemple, par la société VP Plast, spécialisée dans les outillages d'injection de haute précision. Cette PME franc-comtoise de 30 collaborateurs, dirigée par Frédéric Lamendin, a noué, début 2013, un partenariat exclusif avec une société suisse, Cemiplast SA, créée en 2013 par Pascal Germann, qui partage le même coeur de métier. L'objectif pour VP Plast : se rapprocher du monde de l'enseignement supérieur et de la recherche suisse et renforcer son activité à l'international, qui représente déjà 15 % de son chiffre d'affaires (7 M€ en 2012).

Un ticket d'entrée élevé

Autre option, l'ouverture d'une filiale sur place. Elle peut être pertinente, en particulier dans le cadre du développement de ses activités de R & D. La Suisse est, en effet, très réputée pour ses instituts de recherche de haut niveau et son fort transfert de connaissance entre le monde universitaire et industriel. Le petit État fédéral multiculturel peut aussi représenter une voie d'entrée pour l'export, notamment vers le marché asiatique. " En juillet 2013, le pays a signé un accord de libre-échange avec la Chine qui entrera en vigueur dès 2014 ", cite Fabrice Lelouvier (Ubifrance Suisse).

La Confédération suisse bénéficie, par ailleurs, d'un cadre réglementaire et fiscal stable et attractif pour les entreprises. À cela s'ajoute souvent une concurrence fiscale entre les cantons et communes. " Selon le canton d'implantation choisi, l'imposition du résultat des entreprises peut ainsi varier de 10 à 25 %, souligne Me Ludovic Doutreleau (Entegon Avocats). De nombreuses aides financières et fiscales à l'implantation existent par ailleurs. Cumulées, les charges patronales et salariales sur les salaires ne dépassent pas 30 % du salaire net. " L'administration suisse est réputée pour travailler dans un climat de confiance avec les en­­­­­­­­treprises.

Renommé pour sa main-d'oeuvre polyglotte très qualifiée,

le pays du consensus connaît aussi une stabilité sociale hors pair, doublée d'un droit du travail plus souple et constant. Attention toutefois : " Les salaires suisses caracolent parmi les plus hauts d'Europe tout comme le prix de l'immobilier ", relève Me Ludovic Doutreleau.

Autant d'investissements de dé­­­­­­­­­­part qui rendent le ticket d'en­­­­­­trée pour l'ouverture d'une fi­­­­­­­­­liale ou d'une agence en Suisse très élevé et risqué. Patience et prudence demeurent donc les clés pour franchir la porte du petit paradis helvète.

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