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[Echec et mat] Se reconvertir et vivre de ses passions

Publié par Véronique Meot le - mis à jour à

Très en avance sur son marché, Sunpartner Technologies a été inventeur de technologie photovoltaïque dédiée aux secteurs du bâtiment et des objets connectés. Lancée en 2009, l'entreprise disparait dix ans plus tard, faute de financements. Retour sur cette expérience avec son fondateur, Ludovic Deblois.

Le contexte

Une innovation de rupture

Précurseure dans son secteur - les énergies renouvelables - Sunpartner Technologies est promise à un bel avenir. L'entreprise, qui invente le vitrage photovoltaïque, mène de front deux projets : la fabrication de façades vitrées productrices d'énergie et celle d'écrans de montres connectées. Elle emploie une soixantaine de personnes, détient une centaine de brevets. Après avoir levé plus de 60 millions d'euros, elle parvient à mettre au point une technologie (Wysips®) permettant à des objets de transformer l'énergie solaire en électricité. L'entreprise aixoise réalise une première installation en Suisse en équipant la tour Silo à Lausanne, prend des commandes et co-développe une fenêtre intelligente avec un partenaire gammiste aluminium. Des prouesses qui arrivent un peu trop en avance ...

Le fait

Manque de cash

Alors que la phase de R&D s'achève et que Sunpartner Technologies lance sa première série en production, l'entreprise a besoin de trésorerie. Le dirigeant parvient à réunir 6 millions d'euros auprès des partenaires financiers historiques et des banques privées, mais un imprévu tombe. "La Banque Européenne d'Investissement, qui devait participer, nous informe de son refus de compléter le tour de table financier quelques jours avant la tenue de l'assemblée générale qui devait entériner cette opération, raconte Ludovic Deblois, alors président de l'entreprise. A la suite de cette décision, les actionnaires se retirent et abandonnent le projet."

Malgré le potentiel de l'innovation, aucun accord n'est trouvé. En cause, le chiffre d'affaires qui tarde à venir. Le dirigeant est obligé de placer l'entreprise en redressement judiciaire en urgence. "En France, les fonds d'investissement ne soutiennent pas assez la phase d'industrialisation", regrette-t-il aujourd'hui. Le placement en 'RJ' est par ailleurs réalisé trop tardivement pour trouver un repreneur. La société Garmin a repris les actifs liés à l'activité montre connectée, ainsi que les équipes (16 collaborateurs), mais l'activité du bâtiment disparaît.

Le rebond

Le plaisir du texte

Ingénieur de formation, Ludovic Deblois a donné dix ans de sa vie à ce projet qu'il a abandonné la mort dans l'âme. "J'ai accompagné Garmin qui a pu lancer un produit en 2019, se réjouit-il toutefois. Ensuite, deux options s'offraient à moi : soit créer une nouvelle entreprise, soit m'orienter vers une activité plus artistique." Au début, Ludovic Deblois accompagne quelques entrepreneurs dans leurs réflexions stratégiques, puis très vite il se met à écrire. Il signe un premier roman, "Les licornes aussi renaissent de leurs cendres", une sorte de catharsis qu'il publie lui-même en juillet dernier. Si le roman parle d'entrepreneuriat, le narrateur est une femme aux prises avec l'intelligence artificielle...

"J'ai choisi un personnage féminin parce qu'il y a beaucoup à faire pour que les femmes aient leur place dans l'entrepreneuriat, mais aussi pour éviter l'autobiographie et entrer vraiment dans le genre du roman", glisse-t-il. L'héroïne voit son projet attaqué par un grand groupe et des fonds qui essaient de profiter de sa fragilité...

Depuis...

Travailler en autonomie

Auteur - il s'attèle à la rédaction d'un essai et projette d'écrire plusieurs livres -, éditeur (il a fondé Les éditions Candela), conférencier, Ludovic Deblois avance prudemment. "L'édition nécessite de disposer d'une collection de quelques ouvrages pour bénéficier de la distribution", précise celui qui hésite encore à franchir le pas dans ce secteur. En parallèle, il prépare des conférences sur l'autonomie, thème qui le passionne. Et si cette activité souffre du contexte lié à la pandémie, il collabore avec quelques plateformes digitales afin de partager son expérience auprès d'entreprises et d'universités. Dans un objectif clair : transmettre.

Conseil

"Avant d'innover, mieux vaut créer une entreprise et générer du chiffre d'affaires. Armez-vous pour rester autonomes le plus longtemps possible, puis procédez aux levées de fonds si nécessaire. Le champ des possibles est immense au niveau technologique, à condition de disposer des assises financières."

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