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Start-up : comment bien choisir son incubateur

Publié par Barbara Prose le | Mis à jour le

Depuis un peu plus d'une dizaine d'année, la France connaît une explosion des structures d'hébergement et d'accompagnement appelées "incubateurs". Mais savoir où mettre les pieds n'est pas toujours aisé, que ce soit pour dépasser le stade embryonnaire ou pour accélérer sur son marché. Décryptage.

Il suffit de jeter un oeil à la (longue) liste des incubateurs installés en France pour constater une concentration indéniable de ces derniers, toutes catégories confondues, à Paris ou en région parisienne. En régions, ce sont les incubateurs rattachés aux écoles qui sont les plus présents aux côtés d'incubateurs à l'initiative des entreprises pour "chasser les talents" et/ou favoriser l'intra-preneuriat. Intégrer un incubateur privé signifie choisir un rapprochement tacite avec l'entreprise, parce que l'on sait que cette dernière pourra faire partie de ses clients privilégiés, parce que l'on espère évoluer dans son écosystème ou parce que l'une des entreprises de l'écosystème va prendre des parts au capital de sa start-up. Les jeunes pousses doivent être attentives à cette donnée si elles espèrent conserver une relative indépendance en grandissant.

L'implantation de ces "plateformes de l'innovation" comme les appelle Anne Gousset, directrice de l'incubateur Paris&Co, doit son succès à plusieurs facteurs : "La France et Paris sont à la pointe, on constate un effort certain dans l'incitation à l'entrepreneuriat dans l'Hexagone. Nous disposons de formations à haut niveau en matière technologique, informatique et en ingénierie. Les politiques publiques se sont également concentrées à valoriser ces écosystèmes, à l'instar du CIR, de la French Tech, qui fête ses trois ans, entre autres initiatives."

Pour François Chopard, fondateur et directeur de l'accélérateur spécialisé dans l'aéronautique Starburst Accelerator, la France est avant tout "un pays d'ingénieurs." Selon lui, l'incubation sert au début, lorsque le projet est en ébauche : "On a besoin d'aide pour l'administratif, formaliser son business plan. Puis on évolue vers des besoins en financement et la conquête des clients. En deuxième phase, c'est de choisir un bon accélérateur qui importe."

Station F

Station F, l'incubateur de Xavier Niel

Qu'est-ce qu'un incubateur ?

1. Distinguer l'incubateur de l'accélérateur

Avant de choisir où poser ses valises, un entrepreneur doit prendre en compte la notion d'incubation. L'incubateur est un lieu d'hébergement, sécurisant pour élaborer et développer son projet, réaliser ses premières expérimentations via, par exemple, un incubateur d'école, et acquérir ses premiers clients. On distingue l'incubation de l'accélération. L'incubateur est un tremplin vers la définition d'un modèle économique stable tandis que l'accélérateur accompagne les start-up dans leur avancée sur le marché et dans l'accroissement rapide de leur chiffre d'affaires.

Certaines structures sont hybrides et proposent, à l'instar d'EuraTechnologies, à la fois une incubation sur deux à trois ans, puis une phase d'accélération pouvant varier selon les structures de six mois à un an et plus. En sortie, certaines jeunes pousses optent ensuite pour les hôtels d'entreprise pour rester groupées. Pour Anne Gousset (Paris&Co), "la demande des jeunes entreprises est forte pour constituer un collectif car elles peuvent ainsi échanger et partager leurs savoir-faire".

Une affirmation corroborée par Laure Courty, fondatrice et présidente directrice générale de la start-up Jestocke.com (location d'espaces de stockage entre particuliers). Après avoir quitté successivement son incubateur à Bordeaux puis un programme d'accélération, elle a décidé d'emménager avec ses colocataires des débuts dans le Château du Numérique, à Bègles pour conserver l'émulation de groupe.

2. Amorçage puis décollage

En incubation, on passe en général de la phase d'amorçage au décollage sur trois ans. Les phases d'accélération diffèrent selon les programmes de chaque campus. Au Numa, à Paris, on insiste sur ces phases dès l'arrivée de la start-up pour "créer le sentiment d'urgence". On "accélère" en mettant les porteurs de projet en situation concrète. Ils rencontrent les partenaires grand groupe, sont coachés, testent leur présentation et récoltent du feedback sur leurs produits à des stades encore précoces. Après leur décollage, les start-up prennent leur envol et doivent être en phase ou avoir déjà formalisé leurs premières acquisitions clients.

3. Tarifs

L'incubation n'est en général pas gratuite. Les prix d'hébergement pratiqués sont souvent préférentiels pour faciliter le développement des jeunes entreprises. Certains incubateurs font également payer le coût de l'incubation, soit l'accompagnement par des prestataires, la mise en relation avec des experts, la couverture médiatique et parfois le matériel fourni.

Au Numa, l'hébergement et les prestations sont gratuites mais l'incubateur prend une part de 5% au capital des start-up sélectionnées pour intégrer leur programme d'accélération.

Une France d'incubateurs

- L'incubateur de Xavier Niel, la Station F, sera inaugurée le 1er avril 2017, soit des locaux de 34 000 m² et plus de 3000 stations de travail pour les start-up.

- L'écosystème Paris&Co cofinancé par la Ville de Paris, les partenaires privés et en ressources propres propose neuf programmes d'incubation thématiques pour un budget annuel de 4 millions d'euros.

- Le label My Startup in Paris regroupe près de 3000 start-up et 36 incubateurs sur sa carte interactive.

- EuraTechnologies à Lille est un hybride comprenant incubateur, accélérateur et hôtel d'entreprise en son enceinte, dans la continuité d'un accompagnement ciblé sur les NTIC et classé dans le top 10 des incubateurs européens par la plateforme Fundacity.

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