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[Tribune] "Libérons les entrepreneurs de l'étau des seuils"

Publié par Frédéric Melki le | Mis à jour le

Avec ses 249 salariés, Frédéric Melki, à la tête de Biotope, voit les seuils sociaux comme un frein au développement de son entreprise, et donc à la création d'emplois en France.

Tous les acteurs économiques et politiques conviennent du fait que la France possède un tissu d'entreprises déséquilibré. D'un côté des millions de TPE et PME, souvent fragiles et de l'autre environ 240 grands groupes qui sont des leaders mondiaux, notamment dans le BTP, l'énergie ou l'environnement.

Le secteur des entreprises de taille intermédiaire (ETI), comptant de 250 à moins de 5 000 salariés, est sous-représenté en France par rapport à nos voisins : 5 000 ETI en France contre 8 000 en Italie, 10 000 au Royaume-Uni et 12 000 en Allemagne. Or ces ETI jouent un rôle central dans l'économie. Elles sont plus exportatrices, plus productives et plus innovantes que les PME.

Compte-tenu de la gravité et de la chronicité du chômage en France et du constat partagé que l'augmentation du nombre d'ETI est l'une des solutions à ce problème, on s'attendrait à ce que les politiques publiques en direction des PME, convergent vers l'incitation à croître et à embaucher. Il n'en est malheureusement rien!

J'ai eu l'occasion de demander à deux ministres de l'économie, après qu'il aient fait un discours très offensif vantant les mérites des ETI, de me citer un seul avantage pour une entreprise lié au changement de statut entre PME et ETI. Bien évidemment ils n'ont pu me répondre pour la bonne raison qu'il n'en existe aucun! En fait passer ce fameux seuil de 250 salariés constitue une épreuve économique considérable pour l'entreprise. Les règles fiscales et l'ensemble des dispositifs publics se modifient profondément faisant de ce passage de seuil une véritable punition pour l'entrepreneur qui s'y risquerait.

Il serait trop long d'en détailler ici les conséquences mais je tiens à témoigner du résultat désastreux que constituent ce fonctionnement sur la psychologie de l'entrepreneur et donc sur sa volonté à franchir le pas. Près de 70% d'entre eux d'ailleurs jettent l'éponge à ce moment de leur carrière et revendent leur entreprise à un grand groupe. Je souscris volontiers à la notion de responsabilité sociale de l'entreprise et possède une certaine fierté à embaucher, créer de l'activité et contribuer à l'essor de mon pays. En revanche je suis choqué par cette incohérence entre discours (nous voulons plus d'ETI) et actes (je vous sanctionne dès que vous devenez ETI). Quand je gagne je veux être récompensé et non pas puni. Il est aujourd'hui urgent de desserrer cet étau des seuils fiscaux et sociaux qui démoralisent l'ensemble des entrepreneurs de France.

L'auteur

Frédéric Melki est le fondateur de Biotope, PME de 240 salariés, créée en 1993 et spécialisée dans les solutions alternatives pour la protection des plantes et des denrées.

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