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Sandrine Anstett : « Dirigeants de PME, contactez-nous avant qu'il ne soit trop tard ! »

Publié par Marion Perroud le | Mis à jour le

Sandrine Anstett, CRP de Lorraine.

Nommés par Arnaud Montebourg en juillet, Sandrine Anstett et Éric Pierrat sont commissaires au redressement productif de la région Lorraine. Leur mission : accompagner les entreprises en perte de vitesse. Premier bilan de leur action, quelques mois après leur prise de fonction.

« Fédérer les efforts de l'État, des collectivités territoriales et des opérateurs publics pour favoriser la sauvegarde des entreprises avant que leur situation ne soit trop dégradée. » Telle est la mission des 22 commissaires au redressement productif. Sandrine Anstett et Éric Pierrat se partagent cette lourde tâche à l’échelle de la région Lorraine. Elle, alors en poste à la cellule économique du Sgar (Secrétariat général pour les affaires régionales) a été nommée en juillet dernier par le ministre du Redressement productif, Arnaud Montebourg. À ses côtés, Éric Pierrat, ancien commissaire à la réindustrialisation sous le gouvernement Fillon, a été reconduit dans ces nouvelles responsabilités, dans l’attente d’une prochaine affectation. Le point sur leurs réalisations et les enjeux de leur mission.


En quoi consiste votre tâche au quotidien depuis votre nomination ?

Éric Pierrat, commissaire au redressement productif (CRP) de Lorraine : Notre principale mission est le suivi des entreprises en difficulté, et plus précisément des PME et ETI de moins de 400 salariés. Notre rôle consiste à détecter les difficultés de ces sociétés le plus tôt possible afin de les accompagner au mieux et de trouver les solutions les plus adaptées à leurs problèmes.

Sandrine Anstett, CRP de Lorraine : Concrètement, nous pilotons une cellule de veille et d’alerte précoce. Cette cellule est composée d’un certain nombre de partenaires locaux tels que la Direccte, la direction régionale des finances publiques, la Banque de France, la chambre de commerce et d’industrie régionale, le conseil régional et la caisse des dépôts. Nous nous rencontrons deux fois par mois afin de coordonner au mieux notre action et de mutualiser nos outils d’accompagnement.


Comment s’organise la remontée des dossiers ?

S. A. : Il existe deux possibilités : cette remontée peut s’opérer soit par l’alerte d’un des partenaires de la cellule (80 % des cas), soit par une saisine directe du CRP par les chefs d’entreprise eux-mêmes. Sachant que plus tôt nous intervenons, plus vite les problèmes sont résolus, et ce de manière totalement confidentielle bien sûr.


Éric Pierrat, CRP de Lorraine.


Combien de dossiers avez-vous déjà traités en Lorraine ?

E. P. : Nous en avons géré en moyenne une trentaine. Pour la majorité des cas, il s’agit d’entreprises rencontrant des difficultés financières telles que nous devons mener un important travail de réorganisation et de restructuration de l’entreprise.

S. A. : C’est notamment le cas de certaines PME qui, entraînées dans des guerres de prix, continuent à accepter des marchés à perte. Le principal problème aujourd’hui est que les dirigeants ont tendance à attendre le dernier moment pour venir nous voir. Or, tout l’enjeu de notre mission est d’éviter les défaillances d’entreprises et donc d’anticiper les difficultés avant même qu’elles ne se manifestent. À terme, notre objectif est donc d'accompagner les entreprises en transition ou qui rencontrent un passage à vide avant une aggravation de leur situation.


Justement, à partir de quel moment recommandez-vous aux dirigeants d’entreprise de contacter leur commissaire au redressement productif ?

S. A. : Dès que vous rencontrez un problème majeur, qu’il s’agisse d’une perte de marché, des difficultés au niveau de la négociation des matières premières ou d’une baisse d’activité notable, venez toquer à notre porte. N'attendez pas qu'il soit trop tard. Il existe peut-être des leviers de productivité à trouver, des outils de diagnostic et d’accompagnement à mobiliser, et qui peuvent être cofinancés par des organismes publics.

E. P. : N’hésitez pas à prendre contact le plus tôt possible. Il ne faut pas attendre d’avoir une trésorerie exsangue ou que votre banque coupe les robinets pour venir nous voir, parce qu’en général dans ces cas-là, la marge de manœuvre est plus que limitée.


Quels sont vos prochains chantiers pour les mois à venir ?

S. A. : Le dispositif va prendre de l’ampleur. Nous sommes en train de développer notre réseau à l’échelle locale aussi bien du côté des partenaires sociaux que des présidents de chambres de commerce ou encore des experts-comptables. L’objectif est de gagner en réactivité et en coordination, pour coller au plus près de la temporalité et des besoins du chef d’entreprise.

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