Refuser la carte bancaire pour les petits montants : une fausse bonne idée pour les commerçants ?
Publié par La rédaction le - mis à jour à
De nombreux commerçants imposent un montant minimum pour les paiements par carte bancaire, estimant que les frais de transaction grignotent leur marge. Mais cette stratégie est-elle réellement rentable ? Entre perception client, évolution des coûts bancaires et nouvelles habitudes de paiement, ce choix pourrait s'avérer contre-productif.
Alors que les paiements sans contact et mobiles se démocratisent, la question du montant minimum pour les paiements par carte bancaire se pose avec acuité. Si les commerçants souhaitent avant tout éviter les frais fixes sur de trop petites transactions, ce refus de paiement pourrait en réalité générer une perte de clientèle et nuire à leur chiffre d'affaires. Qu'en est-il réellement ? Décryptage.
Pourquoi certains commerçants imposent-ils un minimum pour les paiements par carte ?
Les paiements par carte bancaire impliquent des coûts pour les commerçants, notamment :
Face à ces frais, de nombreux commerçants préfèrent exiger un paiement minimum par carte, souvent 5 ou 10 € , pour éviter de perdre trop d'argent sur de petites transactions .
Une pratique risquée : entre frustration client et perte de ventes
Si l'objectif est d'optimiser la rentabilité sur chaque transaction, cette pratique peut avoir des effets contre-productifs :
D'après une étude du Groupement des Cartes Bancaires, les paiements par carte et mobile représentent aujourd'hui 61 % des transactions courantes . Restreindre ces paiements pourrait donc priver les commerçants d'une part importante de leur clientèle.
Évolution des frais bancaires et alternatives possibles
Bonne nouvelle pour les commerçants : si les frais de transaction étaient un frein par le passé, leur évolution récente pourrait changer la donne. Avec la digitalisation croissante des paiements et la concurrence entre les prestataires de services financiers , plusieurs solutions existent aujourd'hui pour réduire les coûts et optimiser la gestion des transactions.
1. Une baisse progressive des commissions bancaires
Depuis 2015, l'Union européenne a plafonné les commissions d'interchange à 0,2 % pour les cartes de débit et 0,3 % pour les cartes de crédit . Ce plafonnement a permis d'atténuer le coût des transactions pour les commerçants.
En parallèle, les frais de transaction appliqués par les banques sont devenus plus compétitifs. Selon un rapport de la BCE, le coût moyen d'une transaction par carte a baissé de près de 20 % ces dix dernières années . Cependant, tous les commerçants ne bénéficient pas de ces conditions : tout dépend du contrat signé avec leur banque ou leur prestataire de paiement.
2. Opter pour des solutions de paiement adaptées
Les nouveaux acteurs du paiement, tels que SumUp, Zettle (PayPal) ou Smile&Pay , proposent des terminaux sans abonnement avec des commissions uniquement prélevées sur chaque transaction (généralement entre 1 % et 1,75 % ). Cette flexibilité permet aux petits commerces d'accepter la carte sans supporter de coûts fixes élevés.
D'autres alternatives existent :
3. Encourager le paiement mobile et sans contact
Le paiement sans contact a explosé ces dernières années, représentant plus de 60 % des transactions par carte en France . L'avantage ? Ces transactions sont souvent traitées avec des frais réduits pour le commerçant.
Autres options à explorer :
Si refuser la carte pour les petits montants peut sembler logique d'un point de vue économique, les nouvelles habitudes des consommateurs et l'évolution des coûts de transaction remettent cette pratique en question. Au-delà du gain immédiat sur les frais bancaires, les commerçants doivent évaluer l'impact sur la fidélisation client et leur chiffre d'affaires global. Dans un monde où les paiements digitaux dominent, s'adapter aux nouvelles attentes pourrait bien être la clé d'une meilleure rentabilité.