Pourquoi les PME ne peuvent pas suivre Michelin sur l'augmentation des salaires ?
Le groupe Michelin a annoncé mettre en place un salaire décent pour ses salariés. La multinationale augmente ainsi les salaires de 5% de ses effectifs, un luxe que la plupart des entreprises ne peut pas se permettre.
Je m'abonneMichelin a relancé le débat sur l'augmentation des salaires. En effet, le groupe industriel a annoncé jeudi 18 avril 2024 la mise en place d'un salaire minimum décent pour l'ensemble de ses employés. Cette rémunération varie selon les villes et pays. À Paris, elle s'élève à 39638 euros par an, tandis qu'à Clermont Ferrand, ville d'origine de Michelin, ce salaire est de 25356 euros par an. Le p-dg de l'entreprise, Florent Menegaux, a justifié sa décision en déclarant que le Smic ne permettait pas de vivre dans de bonnes conditions. De plus, cette augmentation s'accompagne de la mise en place d'une protection sociale universelle pour les salariés de Michelin. Si le dirigeant incite les autres employeurs à suivre la même démarche, tous n'ont pas les moyens. C'est notamment le cas pour les PME, qui bien souvent ne disposent pas des ressources nécessaires.
Lire aussi : Michelin, le géant français de la pneumatique
Trois facteurs principaux
Plusieurs facteurs permettent à Michelin d'augmenter ses salaires. Premièrement, le groupe industriel s'appuie sur la robotisation : « Michelin produit beaucoup avec relativement peu de salariés dans ses usines », déclare Lionel Roques, patron de la PME Franco European Image, spécialisée dans l'événementielle, la communication, la restauration et la production audiovisuelle. En outre, Michelin emploie des salariés dans le monde entier : « le groupe peut équilibrer son prix de revient moyen », explique le dirigeant. « Contrairement à Michelin qui est présent à l'international, les PME doivent amortir leurs charges sur le territoire français avec des salariés travaillant en France », surenchérit-il. Toutefois, parmi ses 132000 employés, seuls 5% des effectifs sont concernés par cette augmentation : « cette annonce ne concerne pas la majorité des salariés de Michelin en France », rappelle le chef d'entreprise.
Enfin, la position de leader de Michelin sur son marché lui permet une certaine souplesse : « l'entreprise peut répercuter l'augmentation des salaires sur ses prix de ventes et en demandant un effort à ses prestataires », décrypte le chef d'entreprise qui emploie 100 personnes. Lionel Roques milite pour une baisse des charges salariales et des cotisations patronales : « il s'agit du seul moyen pour parvenir à augmenter les salaires », assure le dirigeant. Par ailleurs, le chef de PME dénonce une bureaucratie trop importante dans les entreprises françaises : « les fonctions support ne génèrent pas de marges », s'insurge-t-il.