Européennes : ce que peuvent en attendre les PME
Travail détaché, protection des savoir-faire, course à l'innovation, compétitivité... A quelques jours du scrutin, quels sont les programmes des principaux candidats en faveur des entreprises ?
Je m'abonneFini le temps où elle relevait de la science-fiction. L'Intelligence Artificielle est désormais une réalité bien identifiée, que doivent prendre en compte les entreprises dans le développement de leur activité. D'ailleurs, elle est au coeur des discussions dans les différents programmes des candidats aux Européennes. Pour François-Xavier Bellamy, tête de liste LR, il s'agit " d'un enjeu majeur : à la fois industriel, économique et démocratique. " Pourquoi ? Afin que l'Europe prouve sa capacité à suivre de près les enjeux forts en termes d'innovation pour, in fine, devenir aussi importante sur le sujet que les Etats-Unis ou la Chine. C'est pourquoi la liste LREM veut " déployer un plan de soutien massif à l'industrie Made in Europe 2024 ". Ce dernier doit cibler et financer des champions de secteurs stratégiques : IA, donc, mais aussi énergies renouvelables, 5G, etc. Une opportunité pour les PME innovantes.
L'Europe : plus de poids à l'échelle mondiale
Pour Louis Giscard d'Estaing (UDI), un " principe de réciprocité " doit être restauré entre les entreprises européennes et le reste du monde : " aucun marché public européen ne doit plus être ouvert aux entreprises chinoises, indiennes et américaines tant qu'ils n'ouvriront pas eux-mêmes leurs marchés publics. " Un principe que défend également le parti des Républicains qui, face aux produits étrangers, dit vouloir " mettre en place une double préférence, européenne et française, sur le modèle du 'Buy American Act' en assumant de donner la priorité aux entreprises et aux emplois français. " D'ailleurs, le parti souhaite imposer la stricte réciprocité dans les échanges internationaux : un pays qui ne laisse pas entrer les entreprises françaises et européennes sur son marché ne doit plus pouvoir accéder au marché européen. En termes de compétitivité, Marine Le Pen (RN) pointe également du doigt la concurrence déloyale, mais qu'elle soit " extra ou intra Europe. " Le parti RN souhaite donner la " priorité aux entreprises françaises dans la commande publique " et créer une " responsabilité nationale de l'entreprise (RNE) pour encourager les comportements vertueux : refus des délocalisations, embauche d'une main d'oeuvre nationale, etc. "
La question du travail détaché
Si un sujet soulève bien des polémiques et des désaccords, c'est celui du travail détaché. Pour Nathalie Loiseau (LREM), " il faut intensifier la lutte contre les fraudes avec la mise en place de la nouvelle Autorité européenne du travail, dans un objectif d'information. Au niveau national, la lutte se poursuit par l'inspection du travail, à qui il faut donner plus de poids. " Son parti propose la mise en place d'un salaire minimum, adapté à chaque pays européen pour limiter la concurrence. A l'opposé, les candidats Debout la France et RN demandent la suppression de la directive européenne concernant le travail détaché, dénonçant " une concurrence déloyale et un dumping social insoutenable ". Pour eux, le travailleur détaché doit payer les cotisations sociales du pays où il se trouve, pas de son pays d'origine.
L'écologie, un plus économique pour les entreprises
Difficile, en 2019, d'aborder un programme électoral sans mentionner la protection de l'environnement. Le candidat vert EELV, Yannick Jadot, se dit pour la création d'une banque européenne du climat et vouloir se battre " pour que le budget européen soit plus largement orienté vers la lutte contre le dérèglement climatique. " Sur cette même thématique, certains chantiers seraient bénéfiques aux entreprises françaises. " Travailler sur l'isolation des logements, notamment pour arrêter l'importation d'énergie, serait créateur d'emplois, aussi bien pour les artisans, les TPE, les architectes, etc. ", affirme-t-il.
Le RN met, lui, l'accent sur le retour au territoire. " Il faut favoriser l'exception culturelle pour des produits agroalimentaires, par exemple. Les Français sont adeptes du localisme, cela permettra de les réconcilier avec les entreprises ", soutient Hervé Juvin.
La protection des savoir-faire
La liste LREM veut faire voter une directive " Ethique des entreprises ", qui interdira l'accès au marché européen à toute entreprise ne respectant pas les exigences sociales et environnementales fondamentales. Et de mentionner l'artisanat : " il faut une protection européenne sur les produits artisanaux et leur savoir-faire, indique Nathalie Loiseau. Il y en a assez de voir des produits Made in China sur le marché de Noël de Strasbourg. " Son parti propose donc d'étendre les AOP aux produits issus de l'artisanat des régions françaises : l'Europe pourrait alors protéger des produits tels que les " santons de Provence " face aux contrefaçons. Quant aux Républicains, ils souhaitent " instaurer un Fonds européen d'investissement, financé notamment par la Banque européenne d'investissement (BEI) pour amplifier le Plan d'investissement pour l'Europe dit 'Plan Juncker'. " Ce nouveau fonds serait dédié aux PME familiales et aux savoir-faire d'excellence.