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La RSE : une démarche bien plus complexe qu'il n'y paraît

Publié par Wally Ndiaye - groupe Square le | Mis à jour le

La RSE est dans l'air du temps et encore plus en cette période post-confinement où l'on envisage de redémarrer la vie économique sur des bases éventuellement plus solidaires et/ou durables.

Paradoxalement, la RSE demeure floue dans les esprits quant à sa définition, ses moyens et sa légitimité. Mettre en oeuvre une démarche de RSE c'est, en amont, mettre en place toute une organisation dédiée à l'exécution d'une politique globale, s'inscrivant sur un horizon de 3 à 5 ans, composée de sous-politiques sociale, sociétale et environnementale rigoureusement pilotées et évaluées par une gouvernance ad hoc, loin des clichés réducteurs limitant la RSE à des initiatives isolées et spontanées.

Les enjeux d'une politique RSE bien plus larges que les simples idées reçues

Contrairement aux idées reçues, le terme RSE ne veut pas dire Responsabilité Sociale d'Entreprise comme son nom pourrait le faire croire en anglais (CSR pour Corporate Social Responsability) et comme on pourrait l'entendre encore à ce jour. Si la notion de RSE recouvre les mêmes principes que la CSR anglo-saxonne, sa signification est, en français, Responsabilité Sociétale d'Entreprise. Aussi traite-telle de trois volets : un volet sociétal, un volet environnemental et un volet social faux-ami du mot anglais " social ".

Le mot sociétal désigne l'ensemble des engagements en faveur du développement durable (impact territorial, économique et social de l'activité de l'entreprise), des relations entretenues avec les personnes ou les organisations intéressées par l'activité de la société, la gestion responsable de la sous-traitance et des relations fournisseurs. L'environnemental concerne la politique générale de l'entreprise en la matière, la pollution et gestion des déchets, l'utilisation durable des ressources, la prise en compte du changement climatique (empreinte carbone), la protection de la biodiversité. Le social enfin désigne tout ce qui a trait à l'emploi, l'organisation du travail, les relations sociales, la santé et la sécurité, la formation, l'égalité de traitement, le respect des conventions de l'Organisation Internationale du Travail (OIT).


Une démarche incitée

Pour aller plus loin dans la compréhension, il est pertinent d'appréhender les enjeux de la matière au travers de ses cadres de référence : son cadre réglementaire et légal et ses différents référentiels (1).

Si la RSE est une démarche d'entreprise largement volontaire jusqu'à ce jour, il existe quand même un cadre réglementaire et légal qui oblige et incite à mener des actions responsables. Ces dernières sont relatives notamment aux obligations à respecter les normes environnementales en vigueur (écotaxes, subventions des énergies renouvelables), mais aussi aux incitations fiscales à mener des actions de soutien à l'économie française (exemple : réduction d'impôt pour les investissements dans les PME, au travers des Fonds Communs de Placement dans l'Innovation ou des Fonds d'Investissement de Proximité).

Une démarche normalisée, organisée et pilotée

La RSE volontaire et désintéressée (financièrement parlant) est celle qui nous intéresse ici. Elle dispose d'un cadre de référence propre dont les éléments les plus connus sont : le Pacte Mondial des Nations-Unis relatif au Développement durable (UN Compact), la Global Reporting Initiative (GRI), la norme ISO 26000, les guides de reporting RSE dont celui du Medef et les labels responsables (ex : labels dits " verts ").

Prenons ainsi l'exemple d'une démarche RSE rigoureusement menée au sein d'une entreprise pour être plus explicite. Sur le volet social une démarche RSE pourrait mettre en place un ensemble d'actions en faveur de son personnel tel que des congés second parent de cinq semaines, l'autorisation illimitée du télétravail et adopter une culture d'essaimage et d'entrepreneuriat. Sur le volet environnemental, une démarche RSE crédible évaluerait le bilan carbone de son activité dans un rapport ad hoc réalisé par un expert et tiers indépendant. Enfin sur le volet sociétal, on pourrait envisager par exemple le financement et/ou l'accompagnement de demandeurs d'emploi ou de travailleurs en difficultés financières et ce surtout en cette période post-crise sanitaire.

Enfin, l'évaluation de la démarche RSE est fondamentale. Elle donne à cette dernière toute sa légitimité. C'est alors qu'intervient un acteur incontournable de la " chaine de valeur " venant attester de la réalité des informations communiquées dans les rapports RSE fournis par l'entreprise : un tiers indépendant(2) accrédité par le Comité français d'accréditation (Cofrac), unique instance nationale d'accréditation. Cette évaluation se fait sur la base d'un grand nombre d'indicateurs de performance dûment analysés pour chacun des 3 volets de la matière.

Vous l'aurez compris, la RSE n'est donc pas qu'un " simple " projet humanitaire ou un ensemble d'engagements écologiques isolés mais bien une politique globale à moyen et long terme comprenant de sérieuses sous-politiques sociale, sociétale et environnementale pilotées via des indicateurs de performance et évaluées par un tiers de confiance indépendant et accrédité. Autrement, il conviendrait de parler de bonnes oeuvres mais pas de RSE. Une gouvernance est à mettre en place afin d'élaborer puis d'implémenter une politique RSE.

Si la notion de RSE n'est pas encore bien maîtrisée du grand public, malgré son impact de développement durable reconnu de tous, cela est sans doute dû à son caractère non obligatoire pour toutes les entreprises à ce jour : seules sont concernées les sociétés cotées, les sociétés anonymes et les sociétés en commandite par actions dont le total de bilan ou le chiffre d'affaires est au minimum de 100 millions d'euros et dont le nombre moyen de salariés est au moins de 500.

Demain, toutes les entreprises seront incitées positivement à la responsabilité sociétale, toutes seront familières à cette vision partagée, la société se transformera progressivement devenant, ainsi, plus solidaire.

Pour en savoir plus

Wally Ndiaye est project manager chez Square, et consultant en stratégie et organisation des banques et compagnies d'assurances



(1)Sources : Formes de régulation et d'intervention en matière de RSE, Université de Lille 1, Bruno Boidin ; Labels environnementaux, ADEME, https://www.ademe.fr/labels-environnementaux ; Reporting RSE, Les nouvelles dispositions légales et réglementaire, Mouvement des Entreprises de France, Mai 2012

(2)Il est cependant possible d'être accrédité par d'autres organismes européens.


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