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Histoire d'entreprise : la chute de Luko

Publié par Colin de Korsak le | Mis à jour le

Luko, start-up voulant révolutionner l'assurance en misant sur le service client, a fini par se brûler les ailes en cherchant la croissance au profit de la rentabilité. Décryptage d'un développement rapide et d'une chute menant à un redressement judiciaire.

La croissance à tout prix, les levées de fonds et les acquisitions... Luko a eu les yeux plus gros que le ventre. Fondée en 2016 par Raphaël Vullierme et Benoît Bourdel, Luko est une start-up spécialisée dans l'assurance habitation. La jeune pousse s'est développée jusqu'à devenir un acteur important dans le secteur de l'assurance en ligne, en affirmant assurer plus de 450 000 clients et compter 180 salariés.

L'entreprise s'est développée très vite et a su attirer les investisseurs. Après avoir levé 2 millions d'euros en mai 2018, la structure a obtenu la certification B Corp en juin 2019. En novembre de la même année, Luko a levé 20 millions d'euros pour se développer en Europe, avant de lever 50 millions d'euros en décembre 2020, atteignant un total de 100 000 assurés.

La société a également acheté d'autres entreprises pour s'épandre en Europe. Elle a fait l'acquisition de la boîte allemande Coya en janvier 2022, lui permettant d'entrer sur le marché allemand et d'atteindre plus de 300 000 assurés. De plus, en mars 2022, Luko a racheté Unkle, une start-up spécialisée dans l'assurance loyer impayé. Cette stratégie lui a permis de compter alors plus de 400 000 assurés à travers l'Europe. Pour réaliser ces acquisitions, l'assureur français a dû s'endetter à hauteur de 45 millions d'euros. Dans cette vidéo, le cofondateur Raphaël Vullieme expliquait la vision et la stratégie de son entreprise au moment du rachat de Coya :


Luko en redressement judiciaire

L'entreprise française a donc dû admettre qu'elle n'a pas été mesure de finaliser son projet, à la suite du désistement de l'offre Admiral. Luko se trouve dorénavant dans un "état caractérisé de cessation de paiements" selon le tribunal et doit rechercher un autre acquéreur en urgence. Admiral proposait 14 millions d'euros, soit moins de 5 % de sa valorisation précédente (11 millions en 2023 contre 250 millions en 2020).

Par ailleurs, un nouvel acteur est entré dans l'histoire. Il s'agit d'Allianz, qui s'est positionné pour racheter à son tour l'assureur en ligne. Toutefois, son offre est estimée à 8 millions d'euros, un montant inférieur à celui proposé par Admiral Group. Pour survivre, Luko fait appel à une avance de trésorerie de 25 000 euros journaliers, par Allianz, remédiant à ses besoins courants de trésorerie jusqu'à la décision suivante à intervenir.

Cependant, le tribunal a rejeté cette offre mardi 21 novembre, considérant qu'elle ne pouvait entrer dans le cadre de la procédure de sauvegarde accélérée. Allianz patiente et est toujours candidat au rachat de Luko. Le redressement judiciaire de la start-up se tient sur six mois, jusqu'en avril 2024.

Plusieurs options se présenteront, une sortie du redressement si la reprise par Allianz ou un autre assureur est validée, un renouvellement de la période d'observation ou la liquidation.

Sur LinkedIn, le fondateur de Luko a précisé que certaines activités de l'entreprise n'étaient pas concernées par le redressement judiciaire :