Réseauter ou périr
Publié par Linda Labidi le - mis à jour à
Vincent Fournier, dirigeant et expert en dynamique relationnelle, défend une vision engagée du réseautage. Membre actif des Club d'affaires Protéine, il vient de sortir un livre pour partager les bons réflexes : "Les Clubs et Réseaux d'affaires: Le guide pour réussir" , aux éditions Album de Vie.
Pourquoi un dirigeant devrait-il investir du temps dans un club d'affaires aujourd'hui ?
Parce qu'un dirigeant seul devient un danger pour sa propre entreprise. Il a besoin de recul, d'oxygène, de confrontation bienveillante. Les clubs d'affaires permettent ça. Ils apportent du lien, du sens et souvent des opportunités concrètes.
Quelles sont les erreurs que font encore 90 % des entrepreneurs en réseautant ?
Ils confondent réseau et prospection. Ils arrivent avec leur pitch, veulent vendre à tout prix. Le bon réflexe, c'est de chercher d'abord à comprendre l'autre, à aider. C'est contre-intuitif, mais c'est ce qui crée de vraies connexions.
Faut-il multiplier les réseaux ou s'investir dans un seul ?
Il faut être dans plusieurs réseaux, mais pas n'importe comment. Il faut une implication réelle. Mieux vaut trois réseaux choisis, avec une posture active, qu'enchaîner les groupes sans y apporter ni recevoir quoi que ce soit.
Une rencontre qui a changé votre trajectoire ?
Oui. Un dirigeant rencontré lors d'un événement m'a posé une question toute simple sur mon positionnement. Ce jour-là, ça m'a fait réfléchir. Quelques semaines plus tard, on collaborait. Cette interaction a réorienté ma trajectoire pro.
Comment faire durer une rencontre de 5 minutes ?
En envoyant un message dans les 24h. Pas pour vendre, mais pour remercier, prolonger l'échange ou partager une ressource utile. La clé, c'est le suivi personnalisé. C'est là que la relation se construit.
Qu'est-ce qu'un bon réseau ?
C'est un réseau dans lequel on se sent libre d'être soi. Où l'on donne autant qu'on reçoit. Chez Les Clubs Protéines, par exemple, l'intelligence collective est plus qu'un mot : c'est une méthode, une discipline.
Et un mauvais signal ?
Quand vous y allez à reculons. Quand ça ne vous nourrit plus, ni humainement ni professionnellement. Le bon réseau vous challenge, vous ouvre. Le mauvais vous enferme dans la routine.
Les profils introvertis peuvent-ils tirer leur épingle du jeu ?
Bien sûr. Certains des meilleurs connecteurs que j'ai rencontrés sont introvertis. Ils écoutent, posent les bonnes questions, créent de la confiance. Il ne faut surtout pas jouer un rôle : le réseau récompense l'authenticité.
Un conseil à mettre en pratique cette semaine ?
Reprenez contact avec trois personnes croisées récemment. Proposez un échange sans objectif caché. C'est ce type d'initiative qui active le réseau de façon durable.
Comment les clubs d'affaires ont-ils évolué en 10 ans ?
Ils sont devenus plus exigeants, et c'est une bonne chose. Aujourd'hui, un bon club ne vend plus du "réseau" en soi, mais une vraie expérience humaine, basée sur la qualité des échanges et la progression collective.
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