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Entre mythes et fantasmes, la réalité derrière l'IA

Publié par Guillermo Di Bisotto le - mis à jour à

La croyance selon laquelle l'intelligence artificielle (IA) pourrait un jour supplanter, voire exterminer l'humanité relève davantage de la science-fiction et des croyances personnelles que de la réalité. Des oeuvres cinématographiques telles que celles de James Cameron, avec leurs visions dystopiques, ont largement nourri cette crainte. Mais qu'en est-il vraiment ?

L'IA pourrait-elle en réalité impacter notre futur de manière positive ? Des experts en IA, tels que Yann LeCun, ont récemment pris la parole pour nous rassurer quant à l'inanité de ces peurs. Selon LeCun , « L'IA générative est 50 fois moins intelligente qu'un enfant de 4 ans » car elle manque de capacité de raisonnement.

Considérons l'exemple des véhicules autonomes. Si vous demandez à une voiture de conduire de manière autonome avec l'IA générative et que celle-ci détecte, sur son chemin, une feuille tombant d'un arbre, elle sera obligée de la prendre en considération dans ses calculs afin de mesurer l'impact qu'elle pourrait avoir sur sa mission. Pourtant cette feuille n'est pas une donnée pertinente pour le sujet de la conduite.

L'IA générative ne sait pas faire autrement que de traiter l'ensemble des informations auxquelles elle est confrontée. La somme à traiter étant absolument démentielle, aucun modèle ne peut y faire face, même en utilisant les meilleurs processeurs du monde de demain. Cette incapacité à distinguer l'important de l'accessoire illustre les limites des IA contemporaines. Les systèmes actuels doivent traiter une quantité prodigieuse de données, une tâche qui excède les capacités des meilleurs processeurs actuels et futurs.

L'IA générative, employée dans de nombreux domaines tels que le traitement du langage naturel et la reconnaissance d'images, fonctionne principalement en analysant de vastes ensembles de données pour générer des réponses ou des actions appropriées. Cependant, elle manque de compréhension contextuelle et de raisonnement. Une IA qui traite une feuille tombante sur la route comme un obstacle critique démontre que l'IA actuelle n'a pas la capacité d'ignorer les informations non pertinentes, ce qui la rend inefficace dans de nombreuses situations réelles.

L'évolution vers une IA plus sensible (mais c'est loin d'être suffisant !)

Pour surmonter ces limitations, les chercheurs envisagent que la prochaine génération d'IA utilisera des canaux sensoriels[1] analogues à ceux des humains, tels que le systèmes visuel, auditif et kinesthésique (VAK). Cela permettrait une meilleure capacité d'apprentissage et de conception. Cependant, même cette avancée laisserait de côté les sens olfactifs et gustatifs, et ne représenterait qu'un aspect des nombreux processus cognitifs humains. Nous avons donc le temps de voir venir, car il s'agit surtout de considérer que les canaux sensoriels ne sont qu'un seul métaprogramme sur les trente-deux qui nous gouvernent et qu'une fois qu'une information est considérée, l'opération suivante consiste à la passer au tamis de nos biais cognitifs qui nous permettent d'y donner un sens, de s'en souvenir et nous permettre d'agir.

L'IA, influencée par les biais cognitifs de ses concepteurs, est encore loin d'atteindre cette complexité. Les systèmes VAK, employés pour améliorer l'apprentissage et la compréhension, pourraient permettre aux IA de mieux percevoir et interpréter leur environnement. Cependant, l'intégration de ces systèmes nécessiterait des avancées significatives en matière de capteurs et d'algorithmes de traitement des données. De plus, la perception humaine est influencée par de nombreux facteurs cognitifs et émotionnels que l'IA ne peut pas encore imiter.

Les défis de la conception et de l'entraînement de l'IA

Les biais cognitifs des développeurs jouent un rôle crucial dans la conception et l'entraînement de l'IA. Par exemple, OpenAI adopte une approche centralisée pour la recherche et le développement, tandis que Meta (anciennement Facebook) privilégie l'open source. Bien que l'open source soit souvent perçue comme plus inclusive, elle reste influencée par les préférences et les perspectives d'une communauté limitée de développeurs, qui ne représente pas toute l'humanité.

Les biais cognitifs des développeurs peuvent se manifester dans les algorithmes et les données utilisées pour entraîner les modèles d'IA. Ces biais peuvent entraîner des résultats biaisés ou discriminatoires, limitant ainsi l'applicabilité et l'efficacité des systèmes d'IA. L'approche centralisée d'OpenAI permet un contrôle plus strict sur les processus de développement, mais elle peut manquer de diversité dans les perspectives. En revanche, l'approche open source de Meta favorise la collaboration et l'innovation, mais elle est également susceptible d'être influencée par le biais des contributeurs individuels.

En somme, bien que l'open source paraisse plus vertueux, la question demeure quant à la place que nous accordons à ceux qui privilégient d'autres biais dans leur perception du monde. En effet, bien que nous puissions estimer qu'avec trois milliards d'utilisateurs entraînant son intelligence artificielle, Meta soit probablement le mieux placé pour conceptualiser une approche des plus universelles, il n'en reste pas moins qu'une communauté de développeurs, qui ne représente pas l'ensemble de la population mondiale, exerce une influence considérable sur ce qui est observable et sur ce qu'il convient de considérer comme pertinent ou non.

L'impact des IA sur les secteurs professionnels

En tout état de cause, la principale raison pour laquelle il est véritablement inutile de s'inquiéter à ce point réside, selon moi, dans un paradoxe qui pourrait également causer notre perte, indépendamment de toute intervention de l'intelligence artificielle : l'Homme, ayant besoin de stimulation pour vivre, préférera toujours en recevoir de négatives plutôt que de n'en avoir aucune, et celles-ci sont précisément la source des jeux psychologiques. Or, l'IA est totalement indifférente à ces stimulations et n'a donc aucun intérêt à rentrer dans des jeux psychologiques induits par la dynamique du triangle de Karpman.

Pas de jeux psychologiques, pas de guerre. Pas de bien, pas de mal. Seulement du traitement de données à l'état brut, reflétant l'information, mais dépourvu de conscience. Et ça, même James Cameron ne l'a pas vu venir (note à James : si T7 intègre des jeux psychos, tu penses à moi dans les crédits stp ?). Certes les vidéos de démonstration de Chat GPT 4O ont bien démontré que sur le sujet des soft-skills, une IA était bien plus empathique que la plupart d'entre nous, n'en déplaise aux gourous du développement personnel qui pour nous vendre une formation pro domo, prétendaient qu'ils étaient notre dernier rempart face à une sorte de grand remplacement (Sic !).

Une étude de l'imperial college de la Harvard Business School et du German Institute for Economic Research révèle que ce sont bien les secteurs dans lesquels les professionnels n'ont pas suffisamment éduqué leur public dans la perception de leur valeur ajoutée qui sont les plus touchés[2].

Une opportunité, non une peur à nourrir

Plutôt que de redouter l'IA, nous devrions la considérer comme une opportunité d'amélioration. L'IA ne cherche pas la stimulation psychologique comme l'humain ; elle ne souffre pas de nos imperfections et peut nous aider à nous surpasser. En fin de compte, il est essentiel de nous adapter et de voir l'IA non pas comme une menace, mais comme un outil pour devenir meilleurs demain que nous ne le sommes aujourd'hui.

En intégrant l'IA dans divers aspects de la vie professionnelle et personnelle, nous pouvons améliorer l'efficacité, la précision et la créativité. Par exemple, dans le domaine médical, l'IA peut aider à diagnostiquer des maladies avec une précision accrue, tandis que dans l'éducation, elle peut personnaliser l'apprentissage pour répondre aux besoins individuels des étudiants. En reconnaissant et en exploitant le potentiel de l'IA, nous pouvons transformer des défis en opportunités et créer un avenir où humains et machines collaborent pour un bénéfice mutuel.

Les robots sont bien plus intelligents que nous ou ne tarderont pas à l'être mais c'est bien à nous de considérer si nous pouvons les considérer comme une opportunité d'être meilleurs demain que nous l'étions hier, d'assumer autant notre personnalité que nos imperfections.

La question un peu geek à se poser est de savoir si à l'instar de la série de jeux-vidéos et de streaming Halo sur Paramount+, Cortana ne représenterait pas notre avenir pour nous aider à combattre dans le futur, une menace qui nous dépasserait alors ? Avec un peu d'humour, il serait pertinent ici de rajouter que l'Homme pourrait en faire alors une affaire personnelle et tout faire « péter » ! L'IA n'est à mon sens pas un danger pour l'Homme, et l'ego de ce dernier sera toujours un danger pour l'humanité.


[1] Source Chaîne JVTech sur YouTube « Débat : Les IA son encore très loin d'égaler les humains et ce n'est pas près de changer ! » : https://tinyurl.com/y6bykfbb

[2] Source Victor FERRY sur sa chaîne Les orateurs augmentés : https://tinyurl.com/5fw65a4r


Hello je m'appelle Guillermo Di Bisotto et je suis l'auteur de "C'est où qu'on signe ? L'art de traiter les objections" et de "Questions pour un champion de LA vente". Mon dernier livre a remporté le prix du coup de coeur de l'IDRAC Business School et c'est un honneur que ce livre ait été plébiscité par ses étudiants. J'espère donc de tout coeur, en ayant écrit cet article, vous avoir donné envie de vous le procurer 😊 (et surtout de le lire à votre tour)