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Blandine Mercier (Hello Masters) : « La seconde partie de carrière n'est pas une sortie de route, mais une relance »

Publié par Linda Labidi le - mis à jour à

Après 15 années passées au sein du groupe Publicis, dont plusieurs à la tête de l'agence Marcel, Blandine Mercier aurait pu suivre un chemin balisé. Elle a préféré bifurquer. Avec Hello Masters, elle redonne souffle et visibilité aux professionnels expérimentés, souvent relégués à la marge. Rencontre avec une entrepreneure qui remet en question les standards de l'âge au travail.

Tu as dirigé de grandes campagnes, dans des agences prestigieuses. Qu'est-ce qui t'a poussée à quitter ce monde pour créer Hello Masters ?

Ce n'est pas une rupture brutale, plutôt une accumulation de signaux faibles. En écoutant des collègues brillants, expérimentés, parler de leurs difficultés après 50 ans, j'ai pris conscience d'un problème systémique. Certains devenaient invisibles dans leur propre organisation. Et puis un jour, ces mêmes doutes, je les ai entendus chez des quadras. Là, j'ai compris qu'il y avait une vraie fracture silencieuse. Hello Masters est né de cette volonté : proposer une alternative concrète à cette mise à l'écart.

Tu dis que l'envie d'entreprendre n'était pas une évidence. Qu'est-ce qui t'a poussée à franchir le pas ?

L'envie, non, mais l'urgence, oui. J'avais le sentiment que ce sujet ne pouvait plus attendre. Avec Christophe Serret, mon associé, on a pris deux ans pour documenter, écouter, tester. Et puis il a fallu y aller. Lever des fonds, construire une équipe... Ce n'était plus un side project. C'était un engagement total.

Comment pitches-tu Hello Masters à un investisseur pressé ?

Simple : Hello Masters est le premier réseau dédié aux talents avec plus de 20 ans de carrière. On leur redonne accès à de vraies missions, à leur juste valeur. Et côté entreprises, c'est un vivier d'expertise immédiatement mobilisable. Dans un monde en transition démographique, c'est un levier stratégique.

Quel a été ton plus grand pari ?

Ne pas lancer d'appli mobile dès le départ. Contre-intuitif pour une plateforme digitale, mais on a préféré miser sur une base solide, desktop, évolutive. Ce choix nous a permis de tester, d'ajuster, sans figer trop tôt nos parcours utilisateurs. Aujourd'hui, on prépare une appli bien plus alignée avec les usages réels.

Tu évoques un changement de climat. Quelle est ta lecture de ce phénomène ?

La question n'est plus "si" ça va arriver, mais "quand". À 45 ans, certains professionnels sentent déjà qu'ils deviennent "trop" : trop expérimentés, trop chers... alors qu'ils ont encore tant à apporter. Le monde du travail n'a pas encore intégré la richesse des secondes mi-temps. C'est là qu'on veut agir.

Qu'est-ce que l'entrepreneuriat t'a appris que tu n'aurais jamais deviné avant ?

Que ce n'est pas parce qu'un sujet est urgent et reconnu par tous... qu'il trouve tout de suite preneur. Il faut du temps, même pour des évidences. Et il faut créer les conditions pour que les solutions s'ancrent dans les usages.

Ton conseil à ceux qui doutent de leur légitimité à entreprendre ?

N'attends pas d'avoir coché toutes les cases. La légitimité ne précède pas toujours l'action, elle en découle. L'important, c'est d'avoir une intention claire, de s'entourer, et d'y aller.

Et la suite ?

Pas de prochain défi pour l'instant. Mon énergie est là : faire grandir Hello Masters, amplifier son impact. Si on y arrive, ce sera déjà beaucoup.